Auto: "on ne sort pas encore le champagne"

Le plan de soutien à l'automobile, annoncé mercredi, divise politiques, analystes et professionnels.
Le plan de soutien à l'automobile, annoncé mercredi, divise politiques, analystes et professionnels. © MaxPPP
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avec William Galibert et Jessica Jouve , modifié à
TEMOIGNAGES - Le plan de soutien à la filière automobile, dévoilé mercredi, divise les professionnels.

"Extrêmement ambitieux" pour le gouvernement, "aveu d'impuissance" pour l'opposition, le plan de soutien à l'automobile, annoncé mercredi, divise les politiques. Mettant l'accent sur les voitures propres, il prévoit une batterie de mesures visant à rebooster une filière en panne.  Sous le capot : une augmentation du bonus-malus écologique, un vaste plan d'installation de bornes de recharge pour voitures électriques, des centaines de millions d'investissement ou encore une commande publique de 11.000 voitures hybrides par an.

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"Cela va aider le marché"

Et sur le terrain, les réactions divisent tout autant que dans les sphères politiques. "Nous avons le sourire. Le bonus-malus va provoquer un effet de levier. Et avec le changement de stratégie des constructeurs, je pense qu'il va y avoir une explosion des ventes de voitures électriques. Or nous produisons 1,8 bornes par voitures, donc c'est bon pour nous", se réjouit au micro d'Europe1 Alexandre Borgoltz, patron de l'entreprise Douaisienne de basse tension, qui produit des bornes de recharge.

"Il y a des clients qui sont revenus spécialement poser des questions sur les voitures hybrides en entendant l'annonce du bonus écologique, se satisfait également Arnaud, concessionnaire contacté par Europe1. On ne fait pas sauter le bouchon de champagne non plus, car ce n'est pas 2.000 euros de plus qui vont faire que tout le monde va se mettre à l'hybride. Mais cela va aider le marché. Nous sommes contents."

Et pour cause, le bonus-écologique a un réel effet sur les ventes. Dès le début 2008 et le lancement de la mesure, le volume global des ventes de voitures en France bondit de 13 % par rapport aux attentes sans le dispositif, selon l'Insee. À l'inverse, ces allégements ont été accompagnés d'une baisse des ventes.

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"Pas à la hauteur des difficultés"

Mais cet effet de levier est à nuancer, selon certains analystes. "Ce n'est pas comme ça que l'on va sauver l'automobile française", s'insurge de son côté Gaëtan Toulemonde, analyste du secteur automobile à la Deutsche Bank cité par L'Expansion.com, qui rappelle qu'au premier semestre il ne s'est vendu que 2270 voitures électriques (0,1% du marché total) et 10.350 hybrides en France.

"Outre l'engagement de l’État d'acheter 11.000 véhicules électriques ou hybrides par an, (soit 25% de ses commandes totales), il n'y a pas grand-chose pour relancer la demande", renchérit Bernard Jullien du Gerpisa, un think tank spécialisé dans l'automobile. Et pour cause, le bonus-malus concerne un pan limité de voitures. Car les principales aides concernent les 100% électriques ou les hybrides très peu polluant, soit des véhicules très couteux. Aujourd'hui, il faut compter 30.000 euros environ pour une électrique (le bonus annoncé sera de 7.000).

Du coup, le plan annoncé mercredi fait pschitt chez de nombreux vendeurs. "Je ne vends que des voitures coréennes diesel, pour moi rien ne va changer", regrette un concessionnaires anonyme au micro d'Europe1. "Je vends des voitures italiennes et mes stocks s'accumulent de jour en jour. Le plan est insuffisant. Ce n'est pas avec ça que les ventes vont décoller. Il n'est pas à la hauteur des difficultés", confie un autre.  Pour les vendeurs de haut de gamme, de grosses berlines allemandes par exemple, le plan est carrément à côté de la plaque. Ce qui risque de faire chuter les ventes selon eux, ce sont les futures réformes fiscales à venir (impôt à 75% sur les riches, alourdissement de l'impôt sur la fortune). Celles-ci peuvent faire fuir les contribuables les plus aisés, et donc les consommateurs de grosses berlines.