1:31
  • Copié
Margaux Fodéré , modifié à
Face à l'augmentation du coût de la vie, les Français demandent de plus en plus souvent des acomptes sur salaire. Un petit coup de pouce efficace qui permet de régler ses factures, mais qui peut rapidement faire entrer les salariés dans un cercle vicieux.

L'équilibre financier des Français semble de plus en plus précaire. Alors que le coût de la vie a fortement augmenté depuis la sortie de la crise Covid, et particulièrement depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, une nouvelle tendance prend de plus en plus d'ampleur en France. Selon un dernier sondage Ipsos pour le Secours populaire, près d'un Français sur cinq vivrait à découvert. 

Alors, les salariés sont toujours plus nombreux à demander une avance sur salaire. Pire, les sommes demandées sont plus importantes cette année. Ainsi, les montants moyens d’acomptes débloqués par les salariés sont passés de 123 euros en 2022 à 205 euros en 2023 sur la plateforme Spayr, une solution de versement de salaire à la demande. 

Des montants toujours plus importants

"J'ai fait une demande d'acompte de 500 euros hier, et aujourd'hui, c'est sur mon compte en banque". Des acomptes de salaire comme celui-ci, Mouna, manutentionnaire, en fait la demande quasiment tous les mois. Si elle a toujours eu le réflexe de l’acompte, elle n'avait jamais demandé de tels montants jusqu'à récemment. "Le 12 du mois, je reçois mon salaire. Et après, je paye toutes mes factures. Sauf que tout a augmenté. Donc, pour éviter tout dépassement de découvert autorisé, je demande un acompte", explique-t-elle au micro d'Europe 1. 

Comme elle, de plus en plus de salariés y ont recours. À tel point que depuis juin dernier, le groupement d’employeurs où elle est salariée utilise une application pour traiter au plus vite les demandes. "En espace d'un an, on a constaté qu'il y avait de plus en plus de gens qui demandaient des acomptes", souligne Jean-Eudes Morante, chargé d’affaires chez 1pact. "C'est à peu près 50% de nos effectifs qui sont concernés, alors qu'avant, on était plutôt 30 à 40%", ajoute-t-il.

Des demandes étudiées avec attention

Avec l’équivalent d’un SMIC et sous la pression de l’inflation, Cherifa est devenue adepte des acomptes, à contre-cœur. Mais elle ne veut pas en abuser : "Il faut prendre ce qu'on a besoin, pas plus. Parce qu'on se dit qu'on peut prendre un acompte, que c'est pas grave et hop, l'engrenage est parti", lance-t-elle. 

Et pour éviter d'aggraver la situation des employés, pour des acomptes supérieurs à 500 euros, l’employeur de Mouna et Cherifa regarde attentivement la demande pour s’assurer qu’elle est raisonnable pour le salarié.