Vincent van Gogh : 3 choses que vous ne saviez pas sur le peintre "maudit"

L'exposition "Van Gogh à Auvers-sur-Oise, Les derniers mois" au musée d'Orsay
L'exposition "Van Gogh à Auvers-sur-Oise, Les derniers mois" au musée d'Orsay
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Nathan Laporte , modifié à
Le suicide de Vincent van Gogh a nourri l’image d’un artiste pauvre et seul. Mais qu'en est-il vraiment ? Pour démystifier cette légende de "peintre maudit", l'historienne Virginie Girod reçoit Wouter van der Veen, spécialiste de renommée mondiale du maître néerlandais pour le podcast "Au Cœur de l'Histoire" . Ensemble, ils retracent la vie du peintre et en dressent un portrait nouveau. 
PODCAST

"Vincent Van Gogh n’est pas un artiste maudit, ça ne l’a jamais été", insiste Wouter van der Veen, historien de l’art, secrétaire général et directeur scientifique de l'Institut Van-Gogh dans une interview accordée à Virginie Girod pour le podcast Au Cœur de l'Histoire produit par Europe 1 Studio. "Cette légende a été créée de toutes pièces au XXe siècle", insiste Wouter van der Veen. Quand l’art de Vincent Van Gogh s’est popularisé, la légende est restée en place. 

Vincent Van Gogh venait d'un milieu aisé. Les Van Gogh, c’est en réalité une famille bourgeoise. "On suggère souvent que Vincent est né entre une étable et quelques vaches. En réalité, il vient d’une grande famille aux Pays-Bas, à la pointe de la pyramide sociale. Vincent van Gogh est issu de cette dynastie des Van Gogh qui sont extrêmement influents dans toutes les couches de la société", détaille Wouter van der Veen. Trois de ses oncles sont même des marchands d’art influents.  

C’est d’ailleurs dans le commerce de tableaux que Vincent van Gogh commence par faire carrière. À 16 ans, il entre en apprentissage chez un marchand d'art. "Pendant sept ans, il voit passer entre ses mains les plus grandes œuvres de son temps", raconte Wouter van der Veen. Le jeune Vincent va s’en imprégner, avant de décider de se mettre au service de l’Evangile. Protestant calviniste, Vincent van Gogh est un fervent croyant. Il renonce finalement à s’engager dans des études de théologie pour devenir prédicateur laïc. Pour lui, apprendre le grec et le latin pour répandre la parole de Dieu n’a aucun sens, il préfère agir sur le terrain et venir en aide aux plus miséreux. 

Vincent van Gogh était un brillant entrepreneur. Tandis que la peinture continue d'occuper sa vie, il conseille son frère Théo dans l’achat d'œuvre d’art pour constituer un "capital" en tableaux. "Ça paraît choquant, on pense que Van Gogh c’est l’art pour l’art ! Ce n’était pas dans un but de de s'enrichir. Les frères Van Gogh cherchaient surtout à stimuler la création. Ils croyaient en la qualité et en la nécessité de cet art nouveau", précise Wouter van der Veen, qui a notamment écrit Le Capital de Van Gogh, un essai paru aux éditions Actes Sud, dans lequel il rappelle que les frères Van Gogh étaient de brillants entrepreneurs. 

À la même période, Vincent Van Gogh compose son style inimitable. Autodidacte, il est touché par la simplicité et les contrastes des estampes qu’il collectionne. Sur ce fond d’influence japonaise, le peintre découvre à Paris l'impressionnisme français. "Il est ébloui par cette nouvelle méthode par ces nouvelles méthodes de voir le paysage et d'utiliser la couleur", raconte Wouter van der Veen. Le style Van Gogh est né, et "il appartient à aucun courant", poursuit le directeur scientifique de l'Institut Van-Gogh. 

Contrairement aux idées reçues, Vincent van Gogh a même connu le succès de son vivant, explique historien de l’art : "Cette légende tenace qu’il n'a vendu qu'une seule toile de son vivant est absolument fausse. Van Gogh connaît un succès fulgurant ; une revue critique de premier plan fait de lui l'équivalent des maîtres hollandais du XVIIe siècle", insiste Wouter van der Veen.

Vincent Van Gogh souffrait de syphilimanie. Pourquoi alors cette image d’artiste maudit colle-t-elle autant à la peau de Vincent van Gogh ? La maladie et le train de vie du peintre, dans lequel se mêlent vie nocturne dissolue, alcool et tabac à forte dose, y sont pour quelque chose. "Vincent van Gogh est malade (…) le docteur Gachet, qui suit le peintre à Auvers-sur-Oise note qu’il souffre d’une syphilimanie non fondée, c’est le fait d’être obsédée par la syphilis. Il a l’impression que ses jours sont comptés, il vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête", explique Wouter van der Veen. "Il a considéré son corps comme une locomotive à peindre et il a poussé la machine à bout". À Auvers-sur-Oise, où il s’est réfugié après un passage à l’asile, il y peint plus de 80 tableaux en seulement 70 jours.  

Comme Virginie Girod vous le raconte dans le podcast Au Cœur de l'Histoire, c’est là-bas qu’il passe ses derniers jours. Sa mort tragique a aussi contribué à forger sa légende. Le 27 juillet, Vincent van Gogh se tire une balle dans la poitrine. Il expire deux jours plus tard. "Van Gogh était acteur de sa vie, comme il a été acteur de sa mort, c’était un choix. Il est conscient que la vie des artistes participe pleinement à leur œuvre" retrace Wouter van der Veen. "Racines d’arbres", son dernier tableau réalisé le jour même de sa tentative de suicide, reprend un motif qui obsède Van Gogh. Dans les racines, il voit justement "quelque chose de la lutte pour la vie". "Il veut qu'à travers les lignes qu'il trace sur la toile, on devine quel homme il était. Donc il ne veut pas partir comme quelqu'un qui a perdu la raison", souligne Wouter van der Veen.  

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