Les 34èmes Victoires de la Musique, qui récompensent les meilleurs artistes de l'année produits en France, prennent place vendredi soir à la Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt. Une soirée diffusée, en direct, sur France 2, à partir de 20h55. "On prépare énormément l'émission, ce qui permet d'avoir des tableaux différents par artiste. J'ai vraiment l'impression que chaque artiste a pu exprimer son propre univers", explique au micro de Wendy Bouchard, dans Le Tour que la question sur Europe 1 Natacha Krantz, présidente des Victoires de la Musique et directrice générale de Mercury Music Group. "C'est vraiment une soirée exceptionnelle où tout le monde est en live, c'est colossal en terme d'organisation."
La nouvelle génération à l'honneur. Comme chaque année, cet événement réunira quelques-uns des vétérans de la chanson française, tels qu'Alain Chamfort, nommé dans la catégorie "album de chansons", Etienne Daho, Miossec ou encore Vanessa Paradis. Mais l'édition 2019 promet aussi d'accorder une place inédite à la jeune génération, avec un nombre record de nominés qui n'ont pas encore atteint leur trentième année : BigFlo et Oli (25 et 22 ans), Eddy de Pretto (25 ans), Angèle (23 ans), Clara Luciani (26 ans), ou encore Louane (22 ans). "Ça reflète vraiment ce qui se passe aujourd'hui. On a une place de la musique française sur la marché [français, ndlr] qui est extrêmement dynamique. 85% des 200 meilleures ventes, c'est de la musique française, en tout cas produite en France, et un album sur quatre est un premier album", souligne Natacha Krantz.
Des chanteurs toujours plus exigeants. Pour cette productrice, le succès de la jeune génération s'explique par un niveau de maturité rarement atteint lors des décennies précédentes par des chanteurs aussi jeunes. "On a des artistes extrêmement créatifs, très organisés, très murs de plus en plus jeunes, avec des propositions artistiques costaudes et vraiment intéressantes", explique-t-elle. Un phénomène qu'elle attribue en partie à l'explosion des réseaux sociaux qui laissent une chance à tout un chacun d'exister, mais qui obligent aussi à faire preuve d'une très grande originalité pour arriver à se distinguer du lot. "Les places au soleil ne sont pas nombreuses, mais aujourd'hui, avec le digital, énormément de jeunes artistes peuvent éclore et exprimer leurs différences, leur profil."
>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici
Une sélection arbitraire ? Les artistes sélectionnés dans les différentes catégories sont choisis par un collège électoral de 600 votants professionnels. Parmi eux : 200 producteurs de musiques enregistrées et de concerts, 200 personnes issues des médias, des plateformes de diffusion, des magasins de disques et des festivals, et enfin 200 autres personnalités du monde de la musique. Il leur est demandé de ne pas intégrer à leurs critères de sélection les ventes d'album et de places de concert. Une contrainte qui, selon Natacha Krantz, permet de faire passer au premier plan la dimension artistique, plutôt que des considérations médiatiques et économiques. "Il est intéressant d'avoir une vision différente : il y a les ventes et ce qu'apporte un artiste. Les ventes ne sont pas toujours là, mais ce qu'apporte un artiste à un moment donné peut être hyper important", défend-elle.
De quoi expliquer la mise à l'écart de l'album de Johnny Hallyday, Mon pays c'est l'amour, non sélectionné alors qu'il s'agit de la plus grosse vente de l'année (1.947.883 albums écoulés en France). "L'année dernière, le plus gros vendeur c'était Damso. Il n'était pas nommé non plus", balaye Natacha Krantz. "Tout est regrettable, ça a créé des frustrations, néanmoins il y a un parti-pris assumé par des professionnels."
Une sélection pas assez large ?
Nous vous avons demandé sur la page Facebook d'Europe 1, si les Victoires de la Musique sont représentatives de la musique que vous écoutez. À 11h30 lundi, sur 3.600 votants, vous étiez 94% à avoir répondu "non". La plupart des commentateurs estiment que le show met de côté de nombreux genres musicaux. "J'écoute du hard rock, du heavy metal et du rock en général... Alors vous savez, vos Victoires de la Musique, c'est pas mon domaine…", écrit Sébastien. "J'écoute du rock, du métal, du punk celtique donc voilà", abonde un autre.
Julien, quant à lui, se montre plus clément avec le show, estimant qu'il fait la part belle aux artistes les plus prometteurs. "C’est exactement ce que j'écoute tous les jours ! Et je ne pense pas que c'est de la 'musique kleenex' comme certains disent. Sortez un peu, allez aux concerts et festivals, se sont des chanteurs ou groupes qui tournent depuis des années. Même les plus jeunes comme Clara Luciani par exemple et qui vont durer dans le temps, avec l'album sublime qu'elle a fait !"