"The Plot against America", la nouvelle série HBO qui cauchemarde l'Amérique

The Plot against America
The Plot against America est diffusée sur OCS à partir de mardi. © HBO
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Adaptée d'un roman de Philip Roth, "The Plot against America", diffusée en France sur OCS à partir de mardi, imagine l'arrivée à la Maison-Blanche de l'aviateur Charles Lindbergh en 1940. Une uchronie qui fait basculer l'Amérique dans le fascisme. Et, forcément, interroge sur le moment présent. 

Difficile, en exposant le propos de The Plot against America, de ne pas penser à une autre série, The Man in the high castle. Tout comme la seconde, diffusée sur Prime Video depuis 2015, la première, une création HBO qui sera diffusée en France à partir de mardi sur OCS, imagine une uchronie, version alternative de l'Histoire selon laquelle l'Amérique aurait sombré dans le fascisme. Dans The Man in the high castle, les Alliés avaient perdu la guerre. Dans The Plot against America, l'aviateur Charles Lindbergh remporte la présidentielle de 1940 face à Franklin D. Roosevelt, porté par sa promesse de ne pas faire entrer les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Le premier homme à avoir traversé l'Atlantique par les airs n'a en effet jamais caché, dans la vraie vie, sa proximité avec le régime nazi, ni son antisémitisme latent. Sous son mandat fictif, peu à peu, le pays glisse du populisme au fascisme.

Comment réagit-on face à la barbarie ?

Toute l'intelligence de la série est de raconter cette uchronie du point de vue d'une famille juive du New Jersey dont chaque membre va, peu à peu, incarner une façon de réagir différente face à l'arrivée sournoise de la barbarie. Il y a le père, Herman, bien décidé à résister par tous les moyens légaux en sa possession, homme de principe et de bon droit, ce qui se révèle souvent honorable mais peu efficace au temps du fascisme. La mère, Bess, terrifiée et prête à l'exil. Les enfants, Philip et Sandy, partagés entre leur admiration véritable pour Charles Lindbergh, héros national comme on en fait peu, et la conscience aiguë que leur monde est prêt à basculer.

 

 

Pendant ce temps, Evelyn, la sœur aînée de Bess, femme qui a sacrifié sa vie pour prendre soin de leur mère malade, s'amourache du rabbin Bengelsdorf. Ce dernier, persuadé que Charles Lindbergh est plus maladroit qu'antisémite, attaché à la promesse de non-ingérence dans la Seconde Guerre mondiale, décide de faire confiance au nouveau président et va en devenir la caution juive.

Un parallèle avec l'ère de Donald Trump

Avant d'être une série, The Plot against America est un livre de Philip Roth. L'écrivain décédé en 2018 s'était appuyé sur ses souvenirs d'enfance pour cauchemarder l'Amérique, à moins que cela ne soit l'inverse, tout en réfutant que son histoire, écrite sous l'ère de George W. Bush, ne soit une métaphore de la situation politique contemporaine. En se saisissant de l'adaptation sérielle sous le mandat de Donald Trump, David Simon, auteur de la célébrissime The Wire, a revendiqué exactement le contraire.

Le journaliste du Baltimore Sun dresse sans ciller un parallèle entre l'isolationnisme des années 1940 et la politique américaine actuelle, parallèle rendu d'autant plus aisé qu'il y a 80 ans, Charles Lindbergh présidait le comité "America First". Surtout, il interroge chacune et chacun sur la capacité de glissement d'un régime autoritaire et discriminatoire.

Car dans The Plot against America, la barbarie ne s'impose pas du jour au lendemain. Elle se traduit d'abord par des détails, des infléchissements infimes, des réflexions antisémites que l'on tolère de mieux en mieux et qui finissent par nourrir le feu des cocktails molotov jeté sur les synagogues. Ce que montre David Simon, et qui vaut tant pour les antisémites des années 1940 que pour les suprématistes blancs d'aujourd'hui, c'est que le fascisme s'impose d'abord par les esprits avant les lois, afin d'arriver en terrain conquis. À défaut d'être toujours très subtil, ce parallèle est implacable.