"Summer" et "Hillbilly Elegie" : les coups de cœur des libraires

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A.D
Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux libraires partagent leurs coups de cœur.

Les romans ne manquent pas, surtout peu après la rentrée littéraire. Parmi des centaines de nouveaux livres, les libraires ont extrait leurs pépites. Cette semaine, Stanislas Rigot, de la librairie "Lamartine" et Jérémie Banel, de la librairie "Fontaine", toutes deux à Paris, nous dévoilent leurs choix, dans La voix est livre, sur Europe 1.

 

Summer de Monica Sabolo, aux éditions Lattès

"Ce roman a fait un très bon démarrage au moment de la rentrée littéraire et qui trouve maintenant un second souffle. Il est dans la deuxième sélection du Goncourt. J'ai été très surpris, je ne m'attendais pas du tout à ça. On part en Suisse dans un milieu très riche. Summer, jeune fille de bonne famille, invite son petit frère Benjamin à jouer avec elle à une partie de cache-cache avec ses copines près du lac Léman, mais Summer disparaît. 25 ans passent. Le livre commence à cet instant. Benjamin revient sur cet événement qui a totalement brisé sa vie. Il revient sur son rapport à sa famille, à son histoire et à la vie. C'est à la fois vaporeux, avec un style qui n'est pas sans rappeler Virgin Suicides. On a une deuxième dimension vénéneuse, puisqu'on part de sa disparition et progressivement, avec une grande élégance, Monica Sabolo donne des coups de griffe dans cette histoire familiale avec des micro scènes qui frappent. Ce n'est pas du tout policier. On a bien sûr envie de savoir mais le livre se trouve ailleurs, dans le portrait de ce gamin devenu un homme brisé." (Stanislas Rigot)

 

Hillbilly Elegie de J.D. Vance, aux éditions du Globe

"C'est un roman enquête, à la croisée du journalisme et du roman. On part d'un matériau réel et on en fait quelque chose d'un peu romancé. Les hillbilly, c'est aussi ce qu'on appelle les 'white trash' ou les 'redneck', les populations blanches déclassées. Là où tout le monde voit des 'ploucs', des 'bouseux', lui, y voit sa famille et ses amis. Il raconte son parcours, ses proches, comment lui, grâce à l'amour et à l'aide de ses grands-parents a pu s'en sortir et faire des études. Il est devenu un brillant avocat et juriste. Il décrit surtout ce milieu qu'on connait peu qui passe à côté des radars, parce que ce ne sont pas les riches Américains des villes, ni les pauvres des banlieues surtout Afro-américains dont on parle aussi. Eux ont l'impression d'être complètement délaissés par l'Amérique d'Obama. Ils étaient progressistes, sont devenus totalement conservateurs, des électeurs de Trump. Des scènes sont très dures, mais il raconte aussi avec de l'amour pour ses proches. Cela dit beaucoup de chose sur l'Amérique, différemment si ce n'est mieux qu'une étude austère ou d'un article donneur de leçons." (Jérémie Banel)