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Aurélie Dupuy , modifié à
Plus connu pour ses chroniques au vitriol que pour ses prestations de comédien sur grand et petit écran, Stéphane Guillon assure qu'être acteur reste sa première ambition.
INTERVIEW

Il a été le sniper de France Inter, et celui de Salut les terriens, au point de se faire virer de l'un et de l'autre. Mais paradoxalement, le trublion Guillon, en scène avec le one man show Premiers adieux, a fait ce métier médiatique pour être aimé. Quitte à beaucoup galérer pour arriver à ce qu'il souhaitait vraiment : devenir acteur, a-t-il confié dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie.

"Je sais qu'il y a des gens qui me détestent". Au tout début, le cancre Stéphane Guillon s'est exercé sur l'auditoire familial. "Le rire de ma sœur me ravissait. J’aurais fait n’importe quoi pour la faire rire." Puis, il a fait n'importe quoi pour faire rire une salle de cours. Puis n'importe quoi pour faire rire tout court. Avec quelques ratés et quelques dégâts collatéraux. "Je veux être aimé, évidemment, on veut tous être aimé. On fait tous ces métiers, surtout ces métiers publics pour être aimé. Je sais que l’humour que je fais est clivant. Je sais qu’il y a des gens qui me détestent et j’en suis le premier peiné."

Le regret de ne pas s'être excusé auprès de Villeret. Pour autant, il estime avoir très rarement dérapé. "J’ai blessé parfois des gens et je me suis excusé auprès d’eux, Michel Delpech, Jacques Villeret, parce que c’était des premiers papiers, des erreurs de jeunesse." Pour Michel Delpech, il a pu s'excuser des années après sa chronique, alors qu'il était à nouveau confronté au chanteur. "J'ai dit en ouverture 'j’ai fait un papier il y a quelques années, un papier qui était raté, il vous a blessé et je vous prie sincèrement de m’en excuser'. Il a été très ému. Je ne regrette pas. Comme beaucoup de gens, j’ai été bercé et très admiratif des chansons de Delpech. Cette chose là je n’ai pas pu le faire avec Jacques Villeret et je le regrette", souligne l'humoriste qui émet d'autant plus de regrets qu'il a toujours davantage voulu être acteur que comique.

Entendu sur europe1 :
C’est un métier qui est fait de déceptions et de frustrations. Pour un Jean Dujardin, vous avez 300.000 personnes derrière

"Obtenu aux forceps". Il estime avoir beaucoup galéré à la différence des carrières filantes d'un Jamel Debbouze ou d'un Dany Boon. Pour lui, "tout a été obtenu aux forceps, encore aujourd’hui. C’est mon destin, c’est comme ça. Je suis resté des années sans travailler, à enchaîner les petits boulots." Enfin, il a décroché un grand rôle pour une série historique, Le Bazar de la charité, qui sera diffusée en octobre ou novembre sur TF1, et dans laquelle il campe un flic qui enquête sur un fait divers des années 1900. "C'est la première fois de ma vie que je me retrouve en totale adéquation avec le rôle que je défends."

Un rôle attendu longtemps. Il fait le bilan : "J’ai 55 ans et j’ai commencé à 17 ans, ça en dit long. Que d’attente, que de déception ! Il faut l’accepter. J’ai déjà eu la chance que ça marche à un moment donné. C’est un métier qui est fait de déceptions et de frustrations. Pour un Jean Dujardin, vous avez 300.000 personnes derrière. Cinq ou six acteurs en France travaillent énormément et choisissent. Et derrière, ça attend. On ne le dit pas assez", glisse-t-il, bien plus fragile tout à coup que son image de chroniqueur au vitriol le laisse paraître. Une image qui l'a, pense-t-il, d'ailleurs à un moment desservi. Parce qu'il était difficile de l'imaginer autrement qu'en sniper. Mais il assure "être docile sur un plateau, se mettre au service d'un projet", voire se sentir en vacances puisqu'il s'agit de jouer un texte qui n'est pas de lui.

"Je le ferai jusqu'au bout". Il annonce d'ailleurs qu'il ne changera pas de cap. Raison pour laquelle il a "beaucoup de tendresse pour les comédiens âgés qui n’arrivent pas à décrocher de ce métier. J'en vois qui acceptent des petits rôles dans des séries qui ne sont pas prestigieuses. Je ne sais pas à quel niveau je ferai ce métier, mais je le ferai jusqu’au bout, peut-être pas dans des choses forcement top", annonce-t-il. Et d'ajouter : "On ne peut pas raccrocher, personne ne peut raccrocher. Ce sont des métiers de passion. Il faut continuer jusqu’au bout."