Eric-Emmanuel Schmitt était l'invité d'Europe 1 dimanche (photo d'archives). 2:56
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Séverine Mermilliod
La réouverture des lieux culturels, et notamment des salles de spectacle, s'annonce compliquée. En Île-de-France, où elle ne devrait avoir lieu qu'à partir du 22 juin, l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt, directeur du théâtre Rive Gauche, estime même qu'elle sera quasi impossible, bien que les répétitions puissent reprendre dans des conditions spéciales.
INTERVIEW

En zone verte, les lieux culturels et salles de spectacles devraient rouvrir progressivement à partir du 2 juin. En Île-de-France, cette réouverture n'aura pas lieu avant le 22 juin. Mais que ce soit l'un ou l'autre, pour Eric-Emmanuel Schmitt, écrivain, mais surtout directeur du théâtre Rive Gauche à Paris, c'est "difficilement" jouable, voire "quasiment impossible".

"On va faire une cure d’abstinence de spectacle vivant jusqu’à la rentrée"

"Un théâtre, ouvert ou fermé, ça coûte cher tous les jours. Cela coûte le salaire des artistes et artisans sur scène, et si tout d’un coup à l’intérieur de la salle on ne peut mettre qu’un spectateur sur trois fauteuils, c’est quasiment impossible de rouvrir", alerte Eric-Emmanuel Schmitt sur Europe 1.

"Nous, directeurs de théâtre ou de salles de concert, nous sommes face à un vrai problème", constate-t-il donc. "Allons-nous vraiment rouvrir, ou attendre que le virus s’amenuise et que le public puisse venir de façon normale ? Parce que économiquement, ce n’est pas jouable."

Le théâtre Rive Gauche ne devrait donc pas rouvrir ses portes au public le 22 juin, d'autant plus que comme le rappelle l'écrivain, "la saison théâtrale s’arrête vers la fin du mois de juin, et très peu de théâtres restent ouverts l’été à Paris car généralement tous les artistes partent dans les festivals". Comme en plus cette année, "les festivals sont supprimés", souligne Eric-Emmanuel Schmitt, dont le théâtre avait plusieurs pièces qui allaient se créer à Avignon, "j’ai l’impression qu’on va faire une cure d’abstinence de spectacle vivant jusqu’à la rentrée.”

"Les comédiens ont des visières en plexiglas"

Les répétitions ont malgré tout repris au théâtre Rive Gauche, notamment celles de la pièce Le Visiteur de l'écrivain, dans une ambiance un peu particulière. “Les comédiens ont des visières en plexiglas pour éviter les projections de salive lorsqu’ils se parlent, et on découvre d’ailleurs à la fin de la répétition que finalement, ça existe les postillons, même si on ne les voit pas !", s'amuse-t-il.

"C’est une drôle d’atmosphère. Quand on a rouvert le théâtre, c’était un peu comme ouvrir le tombeau de Toutankhamon, avec un théâtre qui avait dormi pendant trois mois. On était heureux de le rouvrir et les acteurs étaient fous de bonheur de pouvoir retrouver leur art." Les acteurs jouent avec des visières, mais aussi avec des mesures de distance. Des scènes d’embrassades par exemple sont parlées mais pas jouées. Un résultat "assez surréaliste", conclut Eric-Emmanuel Schmitt, mais qui est aussi synonyme de "retour vers la lumière. Tout le monde est très heureux.”