Pourquoi le Conseil d'Etat prive "Saw 3D" de son visa d'exploitation, cinq ans après

"Saw 3D Chapitre final" est le septième opus d'une série de films d'horreur initiée en 2004.
"Saw 3D Chapitre final" est le septième opus d'une série de films d'horreur initiée en 2004. © Metropolitan FilmExport
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Le Conseil d'Etat vient de remettre en cause le visa d'exploitation du film, tel qu'il a été délivré par le ministère de la Culture en 2010. 

Le Conseil d'Etat a annulé lundi le visa d'exploitation du film d'horreur américain "Saw 3D Chapitre final", septième volet particulièrement violent d'une série basée sur l'histoire de tueurs en série sadiques. Le visa accordé en 2010 par le ministère de la Culture interdisait le film aux moins de 16 ans. L'association "Promouvoir" avait alors alerté sur l'intérêt de renforcer cette interdiction. Cinq ans après la sortie de "Saw" en salle et après plusieurs allers-retours judiciaires, le Conseil d'Etat a finalement donné raison à l'association, estimant que le film comportait "de nombreuses scènes de très grande violence".

>>> Découvrez la bande-annonce du film "Saw 3D". Attention, certaines images peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes.

Que montre le film ? "Saw 3D Chapitre final" est le septième opus d'une série de films d'horreur initiée en 2004, qu'on pourrait classer dans le genre film dit "de torture". Ses détracteurs l'accusent de faire l'apologie de la violence à travers une représentation complaisante de la souffrance. On y voit notamment des êtres plongés devant des chantages terribles et poussés, pour sauver leur vie, à tuer un ami ou à s'auto-amputer. 

L'affaire. A la sortie du film en 2010, l’association "Promouvoir", qui défend "les valeurs judéo-chrétiennes", mentionne-t-elle sur son site, estime que le film aurait dû être interdit à tous les mineurs. Celle-ci demande alors l’annulation du visa d’exploitation, autorisation administrative nécessaire à tout film destiné aux salles, mais le tribunal administratif de Paris rejette sa demande, tout comme la cour administrative d’appel de Paris qui rejette à son tour son appel. Mais l'association se pourvoit en cassation devant le Conseil d’État, contre l’arrêt de la cour

Que dit le Conseil d'Etat ? Le Conseil d'Etat a fini par trancher, lundi, constatant que le film comportait "de nombreuses de scènes de très grande violence, filmées avec réalisme et montrant notamment des actes répétés de torture et de barbarie, susceptibles de heurter la sensibilité des mineurs". De telles scènes sont, ajoute l'institution, "de nature à heurter la sensibilité des mineurs et justifient ainsi une interdiction de ce film aux mineurs de 18 ans". L'avis ajoute encore que "le ministère de la Culture a commis une erreur d'appréciation en interdisant la diffusion du film en cause aux seuls mineurs de moins de 16 ans".

Quelles conséquences réelles ? La décision du Conseil d'Etat impose que "le ministère de la Culture réexamine le dossier et délivre un nouveau visa d'exploitation plus restrictif que le visa initial", précise le Conseil d'Etat. L'Etat devra en outre verser "3.500 euros à l'association 'Promouvoir'." La portée de cette décision est toutefois assez limitée dans la mesure où le film est sorti il y a cinq ans.

"Promouvoir" a déjà sévi. Particulièrement concernée par la lutte contre la pornographie, qui "représente un danger capital pour la jeunesse", précise-t-elle, l'association "Promouvoir" a déjà contesté de nombreux visas d'exploitations. Dans son viseur : Antichrist de Lars von Trier, sorti en 2009, Nymphomaniac volumes 1 et 2 de Lars von Trier, sorti en 2013, La Vie d'Adèle chapitres 1 et 2 d'Abdellatif Kechiche, ou plus récemment Cinquante Nuances de Grey