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Tiffany Fillon
Plus de deux ans après la création du hashtag "Balance ton porc", la journaliste Sandra Muller est revenue dans "Ça fait du bien" sur la naissance de ce hashtag, incitant les femmes à dénoncer sur Twitter leurs harceleurs. Alors qu'elle a été condamnée au mois de septembre pour avoir accusé Éric Brion de harcèlement, elle se défend en affirmant ne pas avoir souhaité faire le buzz. 
INTERVIEW

Alors que le procès d'Harvey Weinstein s'ouvre aujourd'hui à New-York, la journaliste Sandra Muller était l'invitée d'Anne Roumanoff, lundi. Auteure du livre Balance ton porc (édition Flammarion) et fondatrice de l'association We work safe qui aide les victimes de harcèlement sexuel au travail, Sandra Muller revient sur le hashtag Balance ton porc qu'elle a lancé il y plus de deux ans et qui continue de déchaîner les passions. 

Le hashtag qu'elle a créé le 13 octobre 2017 dans un tweet appelant les femmes à dénoncer leurs harceleurs a provoqué un raz-de-marée les mois qui ont suivi, en pleine affaire Weinstein. Sandra Muller affirme, dans "Ça fait du bien", sur Europe 1, qu'elle n'y était "pas préparé". "Il n'y avait pas de désir de faire le buzz parce que j’habite aux États-Unis. Si j'avais voulu faire le buzz, cela aurait plutôt été là-bas. Mais, la France m'a rattrapée et finalement ça a explosé un peu partout dans le monde", explique-t-elle, en affirmant avoir été surprise quand le Time magazine l'a sacrée "Personnalité de l'année". 

L'impact de ce tweet a en effet déclenché une vague de réactions dans plusieurs pays du monde. "J'ai reçu pratiquement un million de réponses dans 85 pays. J'ai donné des interviews notamment en Colombie où vous ne bougez pas parce que c'est un peu dangereux pour les femmes", constate Sandra Mullet, qui dit être "d'origine asiatique et indienne". "L'avantage, c'est que je peux répondre à tout le monde en connaissance de cause. Si le hashtag a été repris, c'est qu'il a fait écho et que tout le monde s'y est retrouvé, notamment dans notre milieu", précise-t-elle. 

Des insultes et du sang froid

Plus de deux ans après le début du mouvement, le phénomène "Balance ton porc" continue et Sandra Muller en subit encore les conséquences. "Contrairement à ce que l'on croit j'ai appris à avoir beaucoup de sang froid. J'étais un peu explosive il y a deux ans et j'ai appris à me calmer", admet-elle.

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Depuis, la journaliste affirme recevoir toujours des messages, dont "énormément d'insultes". "Comme j'ai beaucoup de soutien, beaucoup de personnes que je ne connais pas répondent sur Twitter ou Facebook. À chaque insulte, en général mal écrite et mal orthographiée, il y a toujours une personne intelligente et classe qui répond", explique-t-elle. 

"J'ai assez de problèmes comme ça"

Tous les jours, elle envoie des messages aux personnes qui la sollicitent. "Je ne me vois pas dire à quelqu'un qui vient me demander de l'aide que je ne veux pas lui répondre. Cela me prend 30% de ma journée à peu près mais je réponds très vite", raconte-elle. Mais Sandra Muller cherche aussi à se protéger. "Quand on me demande : 'Est-ce que je peux balancer mon porc sur la page officielle sur Facebook ?' Je réponds que j'ai déjà un procès et que si je peux éviter d'en avoir un deuxième ou un troisième, cela m'arrangerait. J'ai assez de problèmes comme ça", précise-t-elle.

Selon elle, l'effet "Balance ton porc" est loin de s'éteindre car les hommes sont aussi concernés par le harcèlement sexuel. "La prochaine étape viendra quand les hommes arriveront à parler de ce qui leur arrive. Je pense qu'il y en a beaucoup plus qu'on le croit", lance Sandra Muller.