Comédien et metteur en scène de la pièce de théâtre La Nouvelle, Richard Berry nous entraîne dans son antre, le Théâtre de Paris. Mais la balade qu'il a concoctée avec Nikos Aliagas plonge aussi au cœur de son enfance passée dans le 10e arrondissement de la capitale.
Un trace de craie sur le sol. L'acteur donne rendez-vous au 32, rue d'Enghien, l'endroit où il a grandi jusqu’à 13 ans environ. "C’est là que j’ai les souvenirs les plus forts et les plus émouvants de ma petite enfance." Là aussi que ses parents tenaient un salon de coiffure. Et là encore, devant la vitrine qu'un jour, gamin, il aperçoit une silhouette tracée à la craie sur le sol. Il y avait eu un règlement de compte juste devant la boutique familiale. "Ça m’avait énormément marqué. C’était assez chaud comme quartier", commente l'acteur. Mais l'événement avait aussi laissé une trace de mystère.
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— Claire Dutronc (@ClaireDutronc) 5 novembre 2017
La joie "d'être dehors". Le quartier avait également le charme de ses yeux d'enfants. "Ce quartier, je l’aime profondément parce que je jouais dehors. Je jouais aux osselets, je me baladais à pied. Ma joie était d’aller dans les cafés, acheter le pain, être dehors. Je connaissais tout le monde." De la rue d'Enghien, il allait à l'école rue Martel en passant par le passage des Petites Écuries. C'est sur ce trajet qu'il apprenait parfois ces récitations. "C'est comme ça que j’ai découvert que j’avais une mémoire un peu extraordinaire. J’ouvrais le texte, de chez moi jusqu’à l’école, je l’apprenais en marchant et je récupérais des copains qui habitaient dans le passage." Aujourd'hui, avec un "côté bobo" en plus et du charme en moins, il trouve le tout un peu "triste". "Cette vie est partie de Paris. C'est moins charmant, plus aseptisé."
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— Europe 1 (@Europe1) 5 novembre 2017
Des petits boulots puis le conservatoire. De cette époque, il garde aussi le goût de l'argent gagné en artisan en faisant des shampoings, en balayant les cheveux du magasin familial. Plus tard, il fait d'ailleurs des petits boulots : représentant en livres, manutentionnaire dans un supermarché au rayon frais, pompiste de nuit. "Là tu vois l’envers du décor, le radinisme des gens. Bien souvent les gens qui ont le plus d’argent sont les plus méchants. Quand ils arrivaient avec des belles bagnoles, tu pouvais être sûr qu’ils te laissaient zéro pourboire." Puis il réussit le conservatoire, sans jamais sortir du sérail, en tant qu'acteur mais aussi en tant que réalisateur. Son premier film L'art délicat de la séduction réunit Patrick Timsit et Cécile de France.
Aujourd'hui, pour la seconde fois après Les Femmes, il met en scène la pièce La Nouvelle au théâtre de Paris, une salle de 1.000 places dans le 9e arrondissement. " Ça commence à devenir une succursale de chez moi (...) Avec l'expérience, il sait "quasiment à la première réplique si la salle va être bonne ou pas bonne (...) Je trouve ça toujours miraculeux qu’on arrive à faire venir 1.000 personnes tous les soirs. Parfois, il y a des films qui ne font pas ça dans la journée. Et quand le rideau tombe, c’est terminé, il faut recommencer le lendemain."
#Enbaladeavec@nikosaliagas et @RichardBerry@europe1 dans la salle du @Theatre2Paris avec Eric Assous, l'auteur de #LaNouvellepic.twitter.com/HAtqXhzEKg
— Claire Dutronc (@ClaireDutronc) 5 novembre 2017
"Réaction violente". Sur scène, il joue avec Mathilde Seigner l'histoire d'un homme qui présente sa nouvelle compagne de vingt ans de moins que lui à ses grands enfants. L'auteur de la pièce, Eric Assous, avoue s'être inconsciemment inspiré du vécu de l'acteur. "Il s'est inspiré d'un moment de ma vie pour écrire la pièce. Il a pris le moment où j’ai annoncé à mes enfants que ma femme était enceinte. La réaction a été assez violente. Ce n’est pas non plus facile à vivre, je le comprends très bien pour les enfants d’ailleurs. On pourrait imaginer – c’était mon cas – que les enfants vont se réjouir que leur père soit très heureux au point de faire un autre enfant, mais ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe", raconte le comédien en riant.