Entre 2015 et 2017, la comédienne Camille Chamoux a vécu deux bouleversements. L'un personnel : la maternité. L'autre collectif : les attentats de Paris alors même que deux jours avant le 13 novembre 2015, elle déménageait dans le 11ème arrondissement. De ces deux éléments très forts, elle a créé un one-woman-show : L'esprit de contradiction qu'elle joue au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Invitée par Philippe Vandel dans l'émission Ceci dit, elle est revenue, sur Europe 1, sur la maternité pour tordre le cou à l'idée d'instinct maternel.
Une répétition "depuis 600 siècles". L'instinct maternel pour Camille Chamoux ? Une injonction, qui plus est archaïque. "Le problème, c’est que si on commence à parler d’instinct maternel, alors on parle d’un état normal des choses qui est : c’est à la mère de s’occuper de l’enfant puisqu’elle a cet instinct. Quand on vous répète depuis 600 siècles que vous devez avoir l’instinct maternel, vous finissez par dire que vous l’avez. La pure vérité, c’est que moi je connais au moins trois personnes - et je suis la quatrième - qui à la naissance de leur enfant ce sont juste dit 'tiens, c’est marrant...'.
Et l'humoriste d'enchaîner : "Je n’ai jamais eu l’instinct de le prendre dans mes bras et de lui faire des gros calinous. Au bout d’un moment, il parle, il vous regarde, il est fantastique et vous l’aimez tous les jours un peu plus, mais franchement, à la naissance, je me suis dit 'Comme c’est bizarre'. C’est vraiment une petite chose visqueuse et violette. Croyez-moi, l’instinct maternel à mon avis n’existe pas. Même l’instinct parental, je ne sais pas si ça existe. Par contre, l’amour des parents à leur enfant qui se construit, oui j’y crois. Mais ce n’est pas genré, ce n’est pas sexué", assure-t-elle.
"On oublie par moments". La comique va plus loin. Selon elle, si les parents envahissent l’espace de photos de leur bébé, notamment leur portable, ce n’est pas parce que c’est mignon. "C’est un pense-bête. Moi, je suis convaincue qu’on ne pense pas tout le temps à son enfant. On oublie par moments, on oublie qu’on doit aller les chercher. Et là, vous avez un coup de fil de la crèche ou du papa" qui demande comment l’enfant a pu être oublié. "J’ai pu l’oublier comme j’ai pu parfois oublier d’acheter le pain. En fait, c’est hyper dur de penser tout le temps à ça."