Pierre Palmade : "La cocaïne m'a gâché la vie"

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Aurélie Dupuy
Sans fard, l'humoriste a raconté ses failles à Frédéric Taddéï au micro d'Europe 1, comme il le fait dans son livre "Dites à mon père que je suis célèbre".
INTERVIEW

Il a passé la cinquantaine d'un an et cela fait trente ans que Pierre Palmade est une "célébrité". Aujourd"hui, l'humoriste se dit "transparent" sur sa vie privée. Alors le temps d'une balade parisienne, il a expliqué à Frédéric Taddéï pourquoi il avait fait le choix de tout raconter dans son livre Dites à mon père que je suis célèbre. Un ouvrage où il évoque sa vie privée sans détour : son homosexualité, ses addictions à l'alcool et surtout à la drogue.

Dix ans qu'il essaye de décrocher de la cocaïne

Après avoir fait "des confessions à droite à gauche", Pierre Palmade a tout réuni dans ce livre autobiographique. "À 50 ans, il y a plein de choses sur lesquelles j’ai envie de tourner une page. J’ai envie d’avoir une vie plus calme. C’est un secret de polichinelle mais j’ai beaucoup de problèmes avec l’alcool et la drogue, la cocaïne, je voudrais vraiment arrêter avec ces problèmes, devenir complètement abstinent. J’arrive à le devenir la majeure partie du temps. Avec un petit souci récemment", lance d'emblée le comédien, rue Lepic, à Montmartre, en début de balade, comme pour se débarrasser, d'une voix d'abord légèrement timide, d'un aveu de poids.

"C’est une vraie maladie la dépendance à la cocaïne, une drogue qui n’est plus réservée à l’élite et s’est popularisée. C’est la drogue la plus sournoise qui existe et ça m’a gâché la vie. Ça fait dix ans que j’essaye de décrocher. Je commence à y arriver mais c’est dur, il y a des rechutes", complète-t-il.

Entendu sur europe1 :
Je pouvais être un bourgeois élégant et hétéro la journée et un homo décadent la nuit

Au bilan des décennies écoulées, l'humoriste chasse l'humour pour la lucidité : "C’était intense et violent. À 20 ans, tout m’est tombé dessus, la célébrité, l’argent. L’homosexualité et l’envie de le vivre la nuit dans un Paris gay très hystérique. À l’époque, on pouvait cloisonner. Je pouvais être un bourgeois élégant et hétéro la journée et un homo décadent la nuit. J’adorais ce Jekyll et Hyde quand j’avais entre 20 et 30 ans. Puis à 40 ans, ça commençait à me peser et à 50, j’ai vraiment envie d’être quelqu’un d’un peu plus normal."

Le "petit souci" qu'il évoquait en début de conversation n'a fait que le convaincre un peu plus : il a récemment été accusé de viol, avant d'être immédiatement innocenté. "Pendant 24h, c’était un cauchemar. Un mec a menti pour se venger de moi. Voilà où ça me mène quand je retouche à la drogue. Ça m’amène à des mauvaises rencontres et à des histoires abracadabrantes comme celle-ci, une fausse accusation de viol, comme ça peut être un peu à la mode en ce moment."

Une homosexualité mal vécue

L'artiste originaire de Bordeaux poursuit l'analyse : "Si je me suis drogué, c’est parce que je vivais mal mon homosexualité et que je la vivais mieux quand j’étais alcoolisé et drogué. Maintenant, je suis plus en paix avec cette homosexualité. J’ai dû passer par des couples avec des femmes (il a été marié à Véronique Sanson jusqu'en 2004, ndlr), j’ai dû assumer d’être homo petit à petit. Ça a pris trente ans", lâche-t-il. 

Arrivé rue Durantin, le duo passe devant l'ancienne maison de la chanteuse Dalida. "Comme tout gay, je suis fan de Dalida et de ses robes. Je n’ai pas toujours été clair sur ma façon de parler de l’homosexualité. Ça n’a pas plu à la communauté gay parce que je disais que la société me rendait malheureux d’être homo. Je me suis consolé et la société va mieux. On vit le tournant historique. Je viens des années 80 où l’on ricanait des folles dans La cage aux folles et aujourd’hui, on se marie et on respecte les gens", dit-il, plus apaisé.

Entendu sur europe1 :
On ne guérit jamais, on peut juste être abstinent tout le temps

Vers le moulin de la Galette, il dit qu'il n'est "pas cultivé", mais qu'il aime les gens, les écouter parler. "J’adore essayer de comprendre la personne dans ce qu’elle ne dit pas, les sous-entendus. C’est d’ailleurs pour ça que je n’ai pas de jardin secret, j’ai l’impression que je vais fraterniser avec les gens. Je sais que j’en agace certains", glisse-t-il. Il sait aussi qu'il sera toujours dépendant à la drogue. "On ne peut s’en sortir qu’en étant aidé, en étant abstinent, en faisant attention à ne pas tomber dans des pièges. C’est un travail très dur. Que j’ai fait, que je fais et que je ferai toute ma vie. On ne guérit jamais, on peut juste être abstinent tout le temps." 

"Je vais faire mec heureux et artiste sérieux"

Mais il reste confiant en l'avenir. Il aimerait bien faire un premier film, tout comme "être un comédien un peu plus classique, au cinéma, un bon second rôle." Devant le théâtre Saint-Georges, il s'imagine même devenir père peut-être, lui qui a perdu le sien à 8 ans. "Très longtemps, j’ai cru que c’était une chance la mort de mon père, plus personne ne m’engueulait. J’ai cru que je n’avais plus d’autorité au-dessus de moi, ce qui me permettait d’avoir le courage de tout faire et en fait, non. Il y avait juste un père qui me manquait. J’aimerais bien savoir ce qu’il en pense, de tout ça, qu’il puisse me conseiller", glisse l'humoriste, qui aimerait que son livre ait servi à voir qu'il y a chez lui plus de souffrance qu'on ne le croit.

"Et puis si on me trouve un peu émouvant, en souffrance, peut-être que ça aidera ma future carrière de comédien sérieux ou grave", s'amuse-t-il, avant de redevenir sérieux. "J’ai fait le plus dur, drôle, drogué. Maintenant je vais faire mec heureux et artiste sérieux. Je ne veux pas mourir sur scène, je laisse ça à Dalida."