Romans, polars, biographies... Onze livres à dévorer pendant l’été

Onze livres à dévorer pendant l'été.
Onze livres à dévorer pendant l'été. © Montage Europe 1.
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Laetitia Drevet avec Nicolas Carreau et Julien Ricotta , modifié à
Les vacances arrivent et vous avez peut-être prévu de faire un tour à la librairie avant de partir. Polars, romans d’apprentissage, récits de voyages, fiction politique ou biographie… Europe 1 vous conseille 11 livres à glisser dans votre valise.

Sur la plage, au pied d’un arbre, dans le train ou dans un hamac… quoi de mieux qu'un bon livre pour savourer ses vacances d'été ? Vivre les aventures d’une bonne famille anglaise, rencontrer une légende hollywoodienne, élucider les mystères de Détroit ou partir à la conquête d'une île déserte : Europe 1 vous conseille onze très bonnes fictions et biographies sorties ces derniers mois en librairie, à glisser dans votre valise avant de partir. 

Avant l’été, de Claudie Gallay

Depuis la fenêtre de sa chambre, Jessica, 23 ans, regarde passer les gens. Elle avait quitté sa bourgade natale pour Lyon, mais son premier amour l’a plaquée sans ménagement alors elle est rentrée chez ses parents. Avec ses quatre amies de toujours, elle traine sur la place du village, au café ou à une table de la Maison sociale. Partir, rester, se caser, papillonner, avoir un enfant, avorter. Claudie Gallay, auteure en 2008 du passionnant Les déferlantes, raconte le passage à l’âge adulte de cinq jeunes femmes au milieu des années 1980, entre confort de la routine et désir d’aventure. Au début du livre, les cinq amies décident de présenter un défilé de mode à la fête de printemps. Elles piquent, cousent, enfilent cuissardes, smokings et perruques. Autour de leur spectacle se tissent rivalités amicales, histoires d’amour et lutte des classes. Un doux roman d’apprentissage.
> Actes Sud, 22 euros.

Là où nous dansions, de Judith Perrignon

2013. Ira, policier de Détroit, contemple les vestiges du Brewster Douglass Project, un quartier de logements sociaux construit dans les années 1930 à destination de la population afro-américaine, promesse de modernité tombée en ruines. Le corps d’un jeune homme non identifié vient d’y être découvert. Bien plus qu’une simple enquête policière, Là où nous dansions est un roman ponctué de faits réels qui remonte le fil de l’histoire d’une ville, un jour gloire industrielle de l’Amérique, devenue dans les années 2010 symbole de la violence économique et des luttes raciales. Judith Perrignon croise les époques - 1935, les années 1960, nos jours - et les voix - des policiers, des habitants du Brewster Douglass Project, des jeunes et des anciens - pour retracer pas à pas le destin d'une cité jalousée, abandonnée, aujourd’hui gentrifiée. Le roman est rythmé par la musique des nombreux musiciens originaires de Détroit que l’on croise au fil des pages, comme Diana Ross, Stevie Wonder et Marvin Gaye.
> Rivages, 20 euros.

La Saga des Cazalet, d’Elisabeth Jane Howard

Publiée au Royaume-Uni au début des années 1990, La Saga des Cazalet a fait la gloire de son auteure et intégré le club sélect des livres adaptés par la BBC. Mais il aura fallu près de 30 ans pour que la saga paraisse en France, à la veille du premier confinement. Son succès fulgurant a surpris jusqu'à son éditeur français. Car malgré la fermeture des librairies, les lecteurs de l'Hexagone se sont jetés sur Etés anglais, premier tome - sur cinq - d’une série au charme suranné, plus moderne que Jane Austen et encore plus prenante que Dowtown Abbey. Située dans les années 1930, la saga raconte les heurs et malheurs des Cazalet, famille anglaise s'il en est, dont les personnages sont bien plus complexes qu'il n'y paraît. Elisabeth Jane Howard navigue avec une impressionnante fluidité entre la quinzaine de caractères qui se partagent la narration. Deux tomes restent à paraître et l’on redoute déjà de refermer le dernier.  
> Editions de la table ronde, 23 à 24 euros par tome.

Téléréalité, d’Aurélien Bellanger

"L’aboutissement d’un demi-siècle de télévision, le studio absolu. (…) Le monde était fait pour y aboutir." Il y a tout juste 20 ans, la première saison de Loft Story, inspirée de l’émission néerlandaise Big Brother, était diffusée en France. Huis clos, crises de nerfs, piscine et caméras omniprésentes : le concept, déclinable à l’infini, est vite devenu l’un des piliers du PAF. Dans son dernier roman, Aurélien Bellanger dresse le portrait de Sébastien Bitereau, fils de plombier drômois à l’ambition sans faille, qui ressemble à s’y méprendre à Stéphane Courbit, ancien patron d’Endemol et créateur de Loft Story. De sa découverte des coulisses d’une industrie aussi fascinante que cynique jusqu’à son règne cathodique, l’auteur joue avec clichés et n’hésite pas à mettre en scène les grandes figures de la télévision française.
> Gallimard, 19 euros. 

Paresse pour tous, de Hadrien Klent

Les Français ne devraient travailler que 15 heures par semaine. C’est ce que propose Emilien Long, prix Nobel d’économie et candidat à l’élection présidentielle de 2022. Son programme, il l’esquisse au début du livre dans Le droit à la paresse au XXIème siècle, où il imagine un pays qui renverse ses priorités pour donner aux citoyens le temps de faire ce qui leur plait. D’abord présenté par les politiques comme un iconoclaste complètement déjanté, Emilien Long finit par menacer les candidats des partis traditionnels. Tout en déroulant un argumentaire économique et politique bien ficelé, Hadrien Klent (un pseudonyme) signe une fiction réjouissante, qui retrace une année et demi de campagne électorale. En refermant le livre, on se prend à rêver : et nous, que ferions-nous si l’on ne travaillait que trois heures par jour ?
> Tripode, 19 euros.

Billy Wilder et moi, de Jonathan Coe

L’histoire commence à Londres, se poursuit à Los Angeles, reprend son souffle en Grèce avant de faire un détour par Munich et Paris. Callista, la cinquantaine, se souvient de l’été 1977, lorsqu’elle quitta sa Grèce natale pour traverser les Etats-Unis. A Los Angeles, elle rencontre le grand Billy Wilder, légende hollywoodienne tout ce qu’il y a de plus réelle, à qui l’on doit notamment Assurance sur la mort et Certains l’aiment chaud. Quelques mois plus tard, elle le rejoint en Grèce sur le tournage de son avant-dernier film, Fedora. Tandis qu'elle découvre émerveillée les coulisses du septième art, le cinéaste, lui, vit ce tournage comme son chant du cygne. Au milieu du récit, Jonathan Coe insère un long passage écrit sous forme de scénario, dans lequel Billy Wilder raconte ses débuts de cinéaste juif quittant l’Allemagne nazie pour Paris. Les époques se croisent, les souvenirs s’imbriquent.
> Gallimard, 22 euros.

Le serpent majuscule, de Pierre Lemaître

Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013 pour Au revoir là-haut, vient de publier… son premier roman. Ce polar écrit en 1985, qui n’avait jamais été publié jusqu’ici, est une belle surprise. Il y raconte l’histoire de Mathilde, tueuse à gages redoutable sous ses airs retraitée tranquille. Elle reçoit ses ordres d’un haut gradé des services secrets, ancien camarade de résistance, via des cabines téléphoniques qui fleurent bon le polar pré-téléphone portable. Le Serpent majuscule est un roman noir bien sanglant à l’écriture teintée d’humour. Pierre Lemaitre y fait son adieu au genre qui l'avait fait connaître il y a plus de dix ans mais qu’il a décidé d’abandonner. Ses lecteurs de la première heure n’ont plus qu’à savourer. 
> Albin Michel, 20,90 euros.

Olympia, de Paul-Henry Bizon

Septembre 2000, JO de Sydney. Après les premières séries du 400m dames, trois lettres apparaissent sur les écrans géants face au nom de Marie-José Pérec : DNS, pour "did not start". La triple championne olympique n’a pas pris le départ et ne courra plus jusqu’à sa retraite officielle en 2004. Plus de 20 ans plus tard, Paul-Henry Bizon s’est inspiré de l’immense athlète guadoulepéenne pour écrire une fiction utopiste, articulée autour de sa fuite. L’histoire commence à la veille des JO de 2024, lorsque Roxanne, cheffe du marketing d’un grand groupe horloger suisse, décide de faire de Pérec son égérie. Visionner à nouveau les courses de l’idole de son enfance fait ressurgir des souvenirs enfouis. Ses recherches la mènent jusqu’à Olympia, un stade abandonné où une bande d’athlètes tâche de construire un monde où les sportifs ne vivent plus sous pression. Un roman salutaire à l’heure où leur santé mentale s’est invitée au centre du débat.
> Gallimard, 18 euros.

Oasis ou la revanche des ploucs, de Benjamin Durand et Nico Prat

Rien ne prédestinait ces deux frères de la classe ouvrière de Manchester à conquérir le monde. Et pourtant, Noel et Liam Gallagher, les tempétueux frangins du mythique groupe Oasis, sont devenus des légendes du rock au milieu des années 1990 avec leurs tubes Wonderwall et Don’t Look Back In Anger. Mais plus qu’à leur musique, les auteurs Benjamin Durand et Nico Prat s’intéressent à cette "success story" bien british d’un point de vue historique et sociologique. Ou comment ces deux "ploucs", avec leur accent à couper au couteau et leurs manières de sales gosses, sont devenus porte-étendards de la classe ouvrière maltraitée par Margaret Thatcher dans les années 1980, avant de devenir symboles d’un Royaume-Uni à nouveau conquérant dans les années 1990, dans le sillage du "New Labour" de Tony Blair. Un ouvrage passionnant, fourmillant de détails et d’anecdotes, que les fans d'Oasis doivent lire absolument. 
> Playlist Society, 14 euros. 

Le chemin des estives, de Charles Wright

"Partout, il y avait trop de bruit, trop de discours. Un jour, j’en ai eu marre de cette frénésie et je suis parti." Il y a quelques années, Charles Wright, à peine 40 ans, a une sorte de révélation, une épiphanie : il veut devenir jésuite. Il commence donc son noviciat, qui inclut une marche de 700 kilomètres. Il choisit le Massif central, où il espère échapper au bruit et à la foule. Sans un sou en poche, il marche seul mais doit quand même se confronter au monde, aller à la rencontre des gens, demander le gite et le couvert. Le Chemin des estives est un livre en forme de quête spirituelle. Plus qu’un roman, il s’agit là d’un récit de voyage littéraire, sous le haut parrainage de Rimbaud et Charles de Foucauld. Il a remporté cette année le prix littéraire Europe 1-GMF.
> Flammarion, 21 euros.

Marcher à Kerguelen, de François Garde

Pendant vingt-cinq jours, dans la pluie, le vent et le froid, François Garde et ses trois compagnons ont réalisé la traversée intégrale de Kerguelen à pied et en autonomie totale. L’archipel, surnommé "îles de la désolation", est situé tout au sud de l’océan indien, à quelque 3.250 kilomètres de La Réunion, terre habitée la plus proche. Découvert en 1772 par des marins français, Kerguelen n’a jamais été peuplé de manière permanente, malgré quelques tentatives de colonisation. Au fil des étapes, dans les traversées de rivières, le long des plages de sable noir, lors des bivouacs ou au passage des cols, le pas des marcheurs entrent en résonance avec le silence et le mystère de l’île. Publié chez Gallimard en 2018 et récompensé du prix Thomas-​Allix de la Société des explorateurs français, le livre vient de paraître en poche.
> Gallimard-Folio, 8,10 euros.