tapie giesbert 6:37
  • Copié
Gauthier Delomez , modifié à
Le journaliste Franz-Olivier Giesbert, biographe de Bernard Tapie, a réagi à la mort de l'homme d'affaires, survenue dimanche à 8h40. "Il aimait choquer, et voulait être aimé. [...] Il a passé sa vie à tomber et à se relever. C'était un provocateur, et en même temps il regardait les institutions avec une fascination", a-t-il affirmé sur Europe 1.

Il est peut-être celui qui connaît le mieux le parcours de Bernard Tapie. Son biographe Franz-Olivier Giesbert s'est exprimé sur Europe 1 pour retracer "les plusieurs dizaines de vies" de l'homme d'affaires, mort dimanche matin à 78 ans des suites d'un cancer. Pour le journaliste, Bernard Tapie "aimait choquer et voulait être aimé. Il avait un côté résistant, survivant, un ressuscité permanent qui ne lâche jamais l'affaire".

000_APP2000050708798

Franz-Olivier Giesbert et Bernard Tapie dans un studio d'Europe 1, le 7 mai 2000.
Crédits : JEAN-PIERRE MULLER / AFP

"Il n'avait plus peur de rien"

Franz-Olivier Giesbert évoque "un boxeur qui n'était jamais K.O, c'est-à-dire à peine tomber, déjà relevé". Le journaliste retient également le côté "provocateur" de l'homme politique. "Il aimait choquer, et en même temps, il regardait avec une certaine fascination les institutions. Mais, on ne la lui faisait pas. Il entrait partout, il était chez lui un peu partout", affirme-t-il. Le biographe insiste aussi sur "la vie fascinante" de Bernard Tapie, qui a été tour à tour chanteur, acteur, homme d'affaires... "En travaillant sur le livre, j'étais fasciné. Il a dirigé des entreprises, il s'occupait du foot, du cyclisme souvent avec de très gros succès."

Le journaliste, également directeur éditorial de La Provence dont Bernard Tapie était l'actionnaire majoritaire, évoque la mythomanie qui caractérisait aussi l'homme d'affaires. "Il avait dit qu'il avait été pilote de Formule 3, et j'ai vérifié. On ne peut pas dire qu'il essayait de construire sa vie, mais il voulait une vie qui ne soit pas linéaire. C'est cela aussi qui plaît", avoue Franz-Olivier Giesbert, qui raconte ses entrevues parfois animées. "Je l'ai connu plus tardivement que mes confrères. On s'est souvent brouillés, et je reconnais que je ne lui ai pas toujours dit des choses sympathiques."

Franz-Olivier Giesbert raconte aussi la fascination du président François Mitterrand à l'égard de l'homme d'affaires. "Il m'avait dit : 'Vous devriez voir Tapie, c'est quelqu'un d'intéressant. Si les petits cochons ne mangent pas, il ira très loin'", se remémore Franz-Olivier Giesbert. "François Mitterrand voulait avoir un centre-gauche important, et il a parié sur Bernard Tapie. Il pensait qu'il avait des qualités politiques exceptionnelles", souligne-t-il. Le journaliste revient enfin sur la vie personnelle de l'homme d'affaires. "À quatre ans, il vivait dans un taudis en Seine-Saint-Denis. Sorti de là, il n'avait plus peur de rien."