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Tiffany Fillon
À l'affiche, à partir du 6 février, d'"Un jour, j'irai à Détroit", le rappeur Stomy Bugsy est revenu, jeudi, dans "Culture médias", sur le sujet de cette pièce de théâtre, qui porte sur le massacre de dizaines de tirailleurs sénégalais, dans le camp de Thiaroye, au Sénégal, en 1944.
INTERVIEW

Officiellement, la France reconnaît 35 morts dans le massacre de tirailleurs sénégalais qui a eu lieu à Thiaroye, au Sénégal, le 1er décembre 1944. Mais le nombre de victimes exécutées par l'armée française pourrait être bien plus important, comme l'affirment certains chercheurs. C'est ce sujet que le rappeur Stomy Bugsy, invité jeudi dans Culture médias, a choisi d'évoquer dans sa pièce de théâtre, Un jour, j'irai à Détroit

Dans cette pièce inspirée de faits réels, le rappeur star des années 1990 joue le rôle de Djili Amacombi, tirailleur sénégalais qui va échapper de peu au massacre de Thiaroye. "À la fin de la guerre, les tirailleurs sénégalais sont sommés d'aller à Morlaix, en Bretagne pour embarquer sur un bateau à destination de Thiaroye, à Dakar. Ensuite, ils devaient repartir chacun dans leur pays", raconte Stomy Bugsy, qui ajoute que l'expression "tirailleurs sénégalais" renvoie à plusieurs nationalités. "On les appelle 'tirailleurs sénégalais' mais, parmi eux, il y avait des Guinéens, des Congolais, des Marocains, des Algériens etc. : toute l'Afrique", explique le rappeur. 

"Trois destins croisés"

Dans Un jour, j'irai à Détroit, Djili Amacombi s'oppose à ce départ. "Mon personnage refuse car il sent qu'il se passe quelque chose", poursuit Stomy Bugsy. "Donc il est jeté à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Quand il arrive là-bas, en 1944, il apprend à connaître ses voisins de cellule. Dans sa cellule de droite, il y a un Français blanc, condamné parce qu'il a refusé de combattre avec le pantalon d'un mort. Dans sa cellule de gauche, un soldat américain a, lui, été emprisonné parce qu'il a voulu déserter", détaille le comédien, pour qui, cette pièce raconte "l'histoire de ces trois destins croisés".

En parallèle, un événement bien plus morbide se prépare, à l'extérieur de la prison. Les combattants africains qui ont combattu pour la France ont fait le voyage jusqu'au camp de Thiaroye. "Là-bas, les tirailleurs sénégalais en ont eu assez et ont demandé au général Dagnan [chargé de commander l'armée sur place, NDLR] d'être payé. Ils l'ont pris à partie et ont fait un cercle autour de lui. Le général leur a dit : 'Calmez vous, demain, on vous paiera'. Le lendemain, l'armée française est venue avec des canons-mitrailleuses et a fait un massacre dans le camp de Thiaroye", explique Stomy Bugsy. 

D'après des historiens, près de 400 soldats africains auraient été tués ce jour-là, alors que la France ne reconnaît officiellement que 35 victimes. Pour la première fois, le 12 octobre 2012, la France a reconnu le massacre de Thiaroye, lors d'un discours du président François Hollande, à Dakar.