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Alexis Patri , modifié à
Au micro d'Isabelle Morizet dans l'émission "Il n'y a pas qu'une vie dans la vie" samedi, la réalisatrice Lisa Azuelos revient sur son parcours personnel et professionnel. Et notamment sur sa relation atypique à sa mère, la chanteuse Marie Laforêt, qui lui a inspiré en partie son film "I love America".
INTERVIEW

Dans son nouveau film, I love America, la réalisatrice Lisa Azuelos s'inspire de sa propre vie pour raconter l'histoire du cinquantenaire qui part de se réinventer aux États-Unis. Mais elle s'inspire aussi de sa relation à sa mère, la chanteuse Marie Laforêt. Une relation atypique qu'elle explique samedi au micro d'Isabelle Morizet, à l'occasion de son invitation dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie

Placée très jeune dans une pension de la Sarthe, Lisa Azuelos explique s'est élevée sans sa mère, seule. Une enfance dont, une fois à l'âge adulte venue, la réalisatrice a pu parler avec sa mère avant son décès en 2019. "J'ai beaucoup parlé avec elle et on n'était souvent pas d'accord", explique Lisa Azuelos sur Europe 1. "Ce n'était pas grave. Ce qui était sympathique, justement, c'était de pouvoir discuter de tout. Parce que, vraiment, ma mère n'était pas une vraie maman. Mais c'était une personne que j'adorais et qui m'adorait aussi. Je lui dois beaucoup. Elle m'adorait, non pas comme son enfant, mais comme une personne. Et ça donne beaucoup de force."

"1968 n'était pas encore passé par là"

"Il y a beaucoup de mères qui tuent leurs enfants avec trop d'amour. Je n'ai pas été tuée à ce niveau-là. Peut-être avec pas assez d'amour maternel", confie-t-elle d'un rire pudique. "Mais j'ai eu un amour sincère. C'est-à-dire qu'elle aimait qui j'étais et elle m'a toujours encouragée comme artiste. Je crois que c'est la plus grande force qu'elle m'a donné."

La scène d'ouverture de son film I love America raconte cette mère distante. Une enfant offre une fleur à sa mère, qui lui rétorque qu'on n'arrache pas les fleurs. Et part sans se retourner. "Je crois que je n'aurais pas pu inventer une scène pareille. Pour être tout à fait honnête, c'était avec mon frère. C'est mon frère qui a accueilli la fleur", confesse Lisa Azuelos.

"J'étais spectatrice de ce qui s'est passé et j'ai été saisie d'effroi. Parce qu'il est vrai qu'après on se sent coupable en tant qu'enfant", ajoute-t-elle. "On se dit que si on n'avait pas cueilli la fleur, notre mère nous aurait emmené avec elle. À l'époque, on ne parlait pas autant aux enfants, on ne leur expliquait pas les choses."

C'est pourtant sans amertume que la réalisatrice raconte cette relation atypique à sa mère. "Je pense que c'était une autre époque. Il était plus difficile pour les femmes de venir sur les plateaux avec leurs bébés, leurs enfants. Aujourd'hui, ça se fait, on emmène les enfants partout. Moi, je suis née dans les années 1960. 1968 n'était pas encore passé par là", analyse-t-elle. "Ensuite, pour elle, c'était compliqué de mélanger les deux. Et puis, je n'ai pas été la seule enfant à être placée en pension. Cela se faisait beaucoup à l'époque."

Transformer son vécu pour qu'il parle à tous

Si Lisa Azuelos s'inspire souvent de sa vie pour créer des films, c'est, selon elle, parce qu'elle n'a "pas d'imagination". "Je ne peux que transformer mon réel en un univers imaginaire pour l'offrir aux autres. Pas parce que j'ai envie qu'ils me plaignent ou que j'ai envie de parler de moi", prévient-elle. "Mais parce qu'une vérité partagée devient vraiment une force pour tout le monde."

"Surtout, je ne parle que de ce que j'ai déjà réussi à transformer", complète-t-elle. "Je ne vide pas mes poubelles chez les gens. Je m'occupe de mes poubelles chez moi. Et j'essaie ensuite de les transformer en un arôme intéressant, puis je partage mon expérience. Parce que je crois que c'est cela le lien humain."