L'expression "avoir le béguin" vient des bonnes soeurs... et des maisons closes

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Stéphane Bern , modifié à
Vendredi dans son "Mot de la fin", Stéphane Bern s'intéresse à l'expression amoureuse "avoir le béguin". Une expression dont les chastes origines remontent à un monastère liégeois du 12ème siècle. Mais pas seulement.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Vendredi, l'animateur nous explique les racines de l'expression "avoir le béguin", dont les origines religieuses ont fait un détour par la prostitution.

L'expression "avoir le béguin" signifie que l'on a le cœur qui bat la chamade, que l'on a des sentiments pour quelqu'un. Contrairement aux apparences, l'expression n'a rien à voir avec la biguine, la musique antillaise sur laquelle deux partenaires dansent généralement avec peu d'espace entre eux. Une danse propice au béguin.

Pour comprendre la réalité des origines de cette expression, il faut en réalité remonter dans le temps, direction Liège. Au 12e siècle, Lambert le Bègue est un prêtre réformateur qui crée le couvent de Béguines. Les religieuses y portent une coiffe faite d'une toile fine qu'on appelait le béguin. Une femme qui était "embéguinée" portait donc ce couvre-chef qui symbolisait qu’elle se donnait aveuglement corps et âme à Dieu.

Des religieuses aux prostituées

Selon le lexicographe Gaston Esnault, on utilise dès le 16ème siècle l'expression "avoir le béguin à l’envers". On imagine bien en effet les religieuses qui, tout à coup, s’enflamment de pensées impures, mettant à l’envers leur coiffe, symbole de leurs vœux prononcés puis oubliés.

Etrangement, l'expression va connaître un regain de popularité dans les maisons closes du 19ème siècle. On commence alors à dire des loueuses de charmes s'entichant de leur client qu'elles "ont le béguin". Ce sens et cette formulation se sont ensuite répandus dans l'ensemble de la société. Jusqu'à aujourd'hui, où elle existe encore, même si elle est davantage usitée par les plus âgés.