Les secrets de fabrication de la série "Tu préfères"

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Inès Khiari
"Tu préfères", c’est la web série du moment. Diffusée sur Instagram et Arte Tv, la trame est pour le moins originale : deux filles et deux garçons inséparables, discutent et débattent sur fond du jeu "Tu préfères". Sexe, famille, amour et religion, tous les sujets y passent, sans tabou ni censure. Et l’humour est au rendez-vous. Sur Europe 1 dans l'émission "Culture Médias", on vous fait découvrir les coulisses de "Tu préfères" avec en prime tous les secrets de fabrication de la série.

Quatre adolescents de 16 ans et un jeu, c’est le scénario de la nouvelle web-série "Tu préfères", aux dix épisodes diffusés sur Instagram et Arte TV. Une série pétillante et pleine d’humour qui nous plonge avec authenticité dans le monde complexe de l’adolescence. A chaque épisode, on retrouve donc Djenba, Shai, Aladi et Ismaël, quatre jeunes de quartier, sur la Place des fêtes dans le 19ème arrondissement de Paris. Entre jeux enfantins, vannes en série mais aussi conversations sérieuses, sexe, amour, religion, famille sont évoqués. L’occasion, d’aborder avec légèreté des questionnements parfois existentiels. Sur Europe 1, on vous fait découvrir les coulisses de ce phénomène ainsi que les secrets de fabrication de cette web-série au ton original et totalement décomplexé.

Des acteurs jeunes et authentiques

"Tu préfères manger du porc ou ne plus revoir ta mère ?", peut-on entendre dans la nouvelle web-série qui fait un carton, "Tu préfères". Et c’est sur la base de ce jeu simpliste que quatre personnages vont évoluer sur dix épisodes d’une dizaine de minutes, diffusée actuellement sur Instagram et Arte Tv. Mais l’idée originale de cette série découle d’heureuses rencontres. Lise Akoka, avant d’être la réalisatrice pour cette web-série, était chargée de coacher de jeunes adolescents soucieux de devenir acteur.

C’est ainsi qu’au cours d’un été, sur le tournage d’un long métrage, elle fait la rencontre de Djenba, Shai, Aladi et Ismaël. Elle découvre quatre jeunes adolescents, dynamiques, pleins d’humour, avec une fureur de vivre et d’apprendre qui l’a touchée. Entre deux tournages, ils discutent et sympathisent. Et c’est là que l’aventure débute.

"Je les ai coachés pendant un long métrage. Et sur un tournage on passe beaucoup de temps en dehors du plateau à attendre et à discuter. Et j’ai tellement pris plaisir à les écouter parler que je les ai enregistrés pendant ces semaines de tournages. Ces quatre-là avaient un talent pour le verbe, un talent pour l’éloquence, de vanneur et de tchateur. Ils étaient si drôles et si vifs d’esprit que j’avais l’impression d’assister à un match de Ping Pong tout le temps", se confie sur Europe 1 Lisa Akoka, la réalisatrice du film. Et c’est l’authenticité de ces jeunes aux horizons si différents qui lui donne l’idée de cette série à la trame peu commune.

Fin des tabous et parole libérée

D’Hélène et les garçons à Soda en passant par Skam, les séries pour adolescents ont toujours été une formule qui marche. Mais "Tu préfères" change drastiquement du modèle que l’on a vu, revu mais surtout apprécié. L’objectif est de prendre le contrepied de ces séries parfois hyperboliques et caricaturistes de ce qu’est l’adolescence. La recherche de réalisme sans pour autant perdre le sens de l’humour, telle est la vocation de cette web-série. « On a une passion pour le réalisme. On veut vraiment raconter sans tabou, sans policer ce qui se disent habituellement les adolescents", explique Romane Guéret, coréalisatrice de "Tu préfères".

Utiliser comme base le jeu "Tu préfères" allait ainsi de pair avec cette vocation. Les règles sont simples : choisir entre deux propositions farfelues. Un jeu qui peut mener à de véritables dilemmes existentiels. Dilemmes auxquels sont confrontés avec humour plusieurs fois les personnages de la série. "C’est intergénérationnel. C’est un jeu que l’on peut pratiquer partout dans n’importe quel contexte, quel que soit son âge. Et grâce à cela, on peut parler de tout et de rien sans perdre l’essence de la série", affirme Romane Guéret.

La parole est donc déliée et décomplexée. Les deux réalisatrices ont décidé de recréer dans leur série les tons et les motifs des conversations d’aujourd’hui. "On voulait être au plus près de ce qu’ils sont dans la vie, de leurs vraies qualités et on voulait construire une trame dramaturgique qui accroche le spectateur avec des personnages qui évoluent avec comme outil, le jeu"Tu préfères", très bon outil pour faire naître le débat et évoquer les sujets importants qui traversent la société ", se confie Lisa Akoka.

Et quoi de mieux que le format web pour faire de ce projet un succès car, en effet "c’est un format qui correspondait bien au débat", explique Romane Guéret.

Une "improvisation dirigée"

Finalement, ce sont des personnages touchants que nous apprenons à apprécier. Bien que la parole soit libre et totalement ouverte, les jeunes acteurs en herbe étaient tout de même enclins à une certaine pudeur. Une situation qui s’explique de par leur jeune âge. "Il y a des sujets sur lesquels ils sont moins à l’aise. C’est assez impressionnant de voir leur aisance sur certains sujets et leur gêne sur d’autre. Ça dépend des mœurs, de la culture dans laquelle ils viennent, des interdictions parentales. Il reste des craintes enfantines", déclare Lisa Akoka.

Des craintes enfantines maîtrisées avec succès par Lisa et Romane qui ont su diriger les quatre acteurs par la pratique quasiment oxymoriques de "l’improvisation dirigée". "On a répété en impro pendant plusieurs mois avec les adolescents. On déjà des idées de sujet et on voit ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Le gros boulot c’est de tout retranscrire. Et grâce à ces retranscriptions on fabrique un scenario qui est très écrit. On ne les laisse pas totalement libre, il faut les tenir un minimum" finit par conclure Romane Guéret sur Europe 1.

Cette série aura été victime de son succès puisque, à chaque épisode diffusé, les réactions sont massives, menant inéluctablement sur des débats entre internautes. Un succès dont se réjouissent les deux réalisatrices qui restent touchées par l’implication du public "qui parle des personnages comme s’ils étaient leurs meilleurs amis".