L'écrivain royaliste Jean Raspail est décédé à 94 ans

Jean Raspail est décédé à l'âge de 94 ans.
Jean Raspail est décédé à l'âge de 94 ans. © DAMIEN MEYER / AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Jean Raspail, écrivain royaliste controversé mais plusieurs fois récompensé par l’Académie française est décédé samedi à l'âge de 94 ans. Il est mort à l'hôpital Henry-Dunant à Paris, "entouré des siens" selon son fils.

L'écrivain royaliste, Jean Raspail, est décédé samedi à quelques jours de son 95e anniversaire, a-t-on appris auprès de son éditeur et de son fils. Hospitalisé à l'hôpital Henry-Dunant à Paris, l'écrivain, catholique traditionaliste, avait reçu vendredi les derniers sacrements et est mort "entouré des siens", a indiqué son fils Quentin. Jean Raspail était hospitalisé depuis la fin décembre et, en raison de l'épidémie de coronavirus, sa famille n'a pas pu le voir jusqu'à ces derniers jours. "Cette situation a touché beaucoup de familles et c'est vraiment horrible", a confié le fils de l'écrivain.

Un auteur controversé mais récompensé

Il était notamment l'auteur du sulfureux livre Le camp des saints, un roman de 1973 imaginant avec effroi l'arrivée d'un million de migrants sur la Côte d'Azur. Il a été récompensé du Grand prix du roman de l'Académie française en 1981 pour Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie. Il est aussi lauréat du prix du Livre Inter en 1987 et du prix Chateaubriand pour Qui se souvient des hommes. En 2003 il reçoit le Grand prix de littérature de l'Académie française en 2003, qui récompense un écrivain pour "l'ensemble de son œuvre".

Jean Raspail était également un explorateur et un grand amateur de voyages. Il s'était autoproclamé consul général de Patagonie. S'il se défendait d'être d'extrême droite, il se définissait comme "royaliste", un "homme libre, jamais inféodé à un parti". Il reconnaissait cependant être "ultraréactionnaire", "attaché à l'identité et au terroir" et farouchement opposé au "métissage".

Le camp des saints un livre critiqué mais sans cesse réédité

Salué comme un "roman-culte" par la mouvance nationaliste, qualifié de "raciste" par les autres, Le camp des saints imagine l'arrivée, une nuit, sur les côtes du sud de la France, de cent navires chargés d'un million d'immigrants. C'est ce choc que raconte le livre, tandis que l'auteur s'interroge "y a-t-il un avenir pour l'Occident?".

"C'est un livre surprenant. Il a été long à écrire, mais il est venu tout seul. J'arrêtais le soir, je reprenais le lendemain matin sans savoir où j'allais. Il y a une inspiration dans ce livre qui est étrangère à moi-même. Je ne dis pas qu'elle est divine, mais étrange", confiait l'écrivain au Point en 2015. Dans la même interview il avait déclaré : "Que les migrants se débrouillent". Cette année-là, en pleine crise migratoire en Europe, la présidente du RN, Marine Le Pen  avait invité "les Français à lire ou relire le Camp des Saints". Samedi, elle a qualifié sur Twitter son décès d'"immense perte pour la famille nationale". Philippe de Villiers lui a également rendu hommage.

Deux romans en 2019

On doit également à Jean Raspail plusieurs romans d'aventures et récits de voyages dont Terre de Feu-Alaska (1952), son premier ouvrage publié,  Le jeu du roi (1976) ou Pêcheurs de lunes (1990). Au total il a signé une quarantaine de roman en presque soixante-dix ans d'écriture.

En 2019, il avait publié deux romans : Les Pikkendorff (Albin Michel) et La Miséricorde (Les Equateurs). Ce dernier est un bref roman inspiré du terrible crime du curé d'Uruffe, dans les années 1950. L'histoire d'un jeune prêtre qui avait assassiné sa maîtresse, enceinte, puis l'enfant qu'elle portait, non sans l'avoir préalablement baptisé, avait scandalisé la France de l'après-guerre. Jean Raspail avait laissé cet ultime roman inachevé laissant au lecteur le soin de décider si l'auteur d'un tel crime méritait le salut.