Le vêtement idéal pour une femme ? "Une chemise d'homme", selon le créateur Guillaume Henry

Guillaume Henry
Guillaume Henry était dimanche invité dans "Il n’y a pas qu’une vie dans la vie", sur Europe 1 © PATRICK KOVARIK / AFP
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Romain David
Guillaume Henry, directeur artistique de la maison Patou, était dimanche l'invité d'Isabelle Morizet, sur Europe 1. Le créateur a estimé que le vestiaire des prochaines années ne ferait plus la différence entre féminin et masculin, permettant à chaque personnalité de s'affirmer selon ses envies. 
INTERVIEW

"Les femmes sont toujours trop habillées et elles ne sont jamais assez élégantes", déplorait en 1959, dans une interview restée dans les annales, Gabrielle Chanel. La plus célèbres des couturières résumait ainsi toute la difficulté de son métier : sublimer ses clientes sans jamais les attifer, sans céder au colifichet, au superflu, au déguisement. Un adage repris ces dernières années par nombre de grands créateurs, à l’image de Guillaume Henry, directeur artistique de la maison Patou, qu’il a entrepris de faire renaître de ses cendres en 2018.

Resté cinq ans chez Carven, où son travail l'a distingué parmi la jeune génération, le styliste a toujours refusé de céder à une mode conceptuelle, déclinant des silhouettes épurées, souvent inspirées par le cinéma des sixties. "Essayer de faire mieux en faisant moins", résume-t-il dimanche à propos de ses créations au micro d’Isabelle Morizet, dans Il n’y a pas qu’une vie dans la vie sur Europe 1.

"Avec une chemise d'homme vous pouvez être la femme que vous voulez"

Pour Guillaume Henry, le vestiaire féminin peut se satisfaire de quelques fondamentaux, à travers lesquelles une femme pourra s’épanouir pleinement, et ne surtout pas laisser sa personnalité s’effacer derrière un vêtement trop riche, trop opulent. Quelle pièce serait, selon lui, indispensable dans le dressing d’une femme ? "J'ai envie de vous dire une chemise d'homme parce que vous pouvez être n'importe quelle femme avec une chemise d'homme", répond le styliste. "Ceinturée ou pas ceinturée, avec une chemise d'homme vous pouvez être la femme que vous voulez."

Ni féminin ni masculin

Pour Guillaume Henry, la prédominance du non-genré marquera la mode de demain. "Je remets même en question le fait que je sois un designer de prêt-à-porter féminin", confie-t-il. "Qu'est-ce que ça veut dire féminin ? C'est clivant, ça veut de dire que ce n'est que pour les femmes. Eh bien, je vais être sincère avec vous : j'ai décidé d'être designer de prêt-à-porter du monde. Qui veut, peut ! Le reste ne me regarde pas", estime-t-il.

"Je suis content de ce qu'on vit", ajoute-t-il à propos des mutations opérées dans le monde de la mode ces dernières années et la multiplication des griffes unisexe. "Maintenant, tout est plus ouvert, tout communique davantage. Les défilés hommes et femmes sont souvent mélangés. Franchement, à part des différences physiologiques évidentes, on peut être qui on veut. Je suis devenu très sensible à ça", conclut Guillaume Henry.