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Aurélie Dupuy
Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux professionnels du livre partagent leurs coups de cœur.

Période de rentrée littéraire oblige, les libraires ont reçu une avalanche de romans. Parmi les centaines de nouveaux titres, les professionnels du livre ont extrait leurs pépites. Cette semaine, Pauline Carayon du Centre national du livre et Anna Schulman, de la librairie "L'écriture", à Vaucresson, ont dévoilé leurs choix, dans "La voix est livre", animée par Nicolas Carreau, le dimanche de 14h à 15h.

Le ghetto intérieur de Santiago H. Amigorena aux éditions P.O.L

"C'est l'histoire du grand-père maternel de l'auteur, qui s'appelle Vicente Rosenberg et qui a quitté la Pologne en 1928 pour émigrer en Argentine pour diverses raisons, dont l’antisémitisme, évidemment, mais aussi pour se défaire de la tradition, de sa mère un peu encombrante qui reste à Varsovie. Il émigre donc avec un ami. Là-bas, il tombe amoureux d'une femme, ils ont trois enfants ensemble, il tient un magasin de meubles en bois qui sont fabriqués par son beau-père."

"Les années passent sereinement, Vicente a enfin trouvé un foyer dans lequel il se sent bien. Mais tout au long de son exil, les nombreuses lettres que sa mère lui envoyait et qui l'ont toujours un peu agacé, se font de plus en plus rares." Et dans celles qu'il reçoit, "cette mère qui n'avait jamais voulu quitter la Pologne pour rester auprès de son fils aîné raconte maintenant que les Allemands ont construit un mur - le ghetto de Varsovie - derrière lequel ils sont confinés. Au fur et à mesure, Vicente lit ces lettres, qui arrivent avec trois semaines d'écart. Il lit aussi les journaux étrangers. On sait vaguement ce qui se passe en Europe, mais pas trop. Plus il lit et plus il se retire dans le silence. Dans sa famille ou au café, il se tait alors qu'à ce moment, il est à Buenos Aires, ville qui revit et retrouve sa grandeur d'antan."

Lui tombe dans un ghetto intérieur. "C'est un livre magnifique sur l'identité, sur la culpabilité, sur la parole." (Anna Schulman)

Ordesa de Manuel Vilas, aux éditions du sous-sol

"C'est une sorte de manuel de deuil mais à la sauce ultra littéraire. A 50 ans, quand on perd ses parents, on se sent toujours un peu gauche et orphelin. Mais ne sortez pas des cordes tout de suite, si tout se casse la gueule, un jour ou l'autre, la vie reprend le dessus ! (...) L'auteur choisit de mener une quête d'identité en faisant dialoguer son enfance et sa condition de père. Cela représente autant de digressions réjouissantes et amères sur ses choix de vie, ses traumas. C'est une sorte d'ultime confession courageuse et bouleversante sur l'insouciance et l'enfance qui disparaît." (Pauline Carayon)

 

Rentrée littéraire : ces titres qui commencent à se démarquer

Elle est la figure de proue de chaque rentrée littéraire : Amélie Nothomb. Cette année ne fait pas exception à la règle puisque la romancière belge a fait paraître Soif - déjà considéré comme un grand cru - dans lequel elle se met dans la peau de Jésus. "Ça marche pas mal", confirme la libraire Anna Schulman.

La spécialiste continue de passer les ventes au crible : "Avec les listes de prix qui commencent à tomber, on voit très clairement Karine Tuil qui se détache", grâce à son roman Les choses humaines. "C'est très actuel", ajoute la libraire avant de mettre en lumière un autre "magnifique" livre, celui de Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon