La véritable histoire de Vercingétorix, un chef de guerre pas si moustachu

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Stéphane Bern, édité par Alexis Patri , modifié à
Dans l'émission "Historiquement vôtre", Stéphane Bern fait le récit de la véritable histoire de Vercingétorix. Ce chef de guerre gaulois a dû accepter la défaite et rendre les armes à Alésia face à Jules César. Il a été trahi par les siens, et par des politiques cherchant à instrumentaliser l'histoire.

On l'a redécouvert au 19ème siècle. On connaît Vercingétorix, ce chef gaulois vainqueur des légions romaines à Gergovie et vaincu à Alésia par l'Imperator Jules César. Il est ainsi devenu le premier "résistant français" face à l'envahisseur. Pourtant, il n’a eu de cesse pendant sa courte carrière militaire de tout faire pour unir une grande partie des peuples qui composaient la Gaule au 1er siècle avant Jésus-Christ. Au risque d'être trahi par ses alliés tant courtisés. Comme le raconte Stéphane Bern dans Historiquement vôtre, sur Europe 1, Vercingétorix était chef des Arvernes, pas des Gaulois…Un vrai problème pour se faire respecter !

Oubliez tout ce que vous avez appris sur Vercingétorix, il y a de grandes chances pour que ce soit faux : la cuirasse de cuivre, la lourde épée en bronze, le casque à ailettes... Quant à son imposante moustache, c'est une pure invention romantique.

Une jeune rebelle des Arvennes

Tel que le décrivent les sources, Vercingétorix, né aux alentours de –80, est un gaillard au nez proéminent, volontaire, aux yeux perçants et au menton en retrait. Il aurait grandi chez les Arvernes, en Gaule transalpine, par opposition à la Gaule cisalpine, l’Italie du nord actuelle.

La population arverne est riche. Elle maîtrise l'élevage, l'agriculture et elle est protégée par la barrière naturelle du Massif central. Historiquement, les Arvernes sont aussi reconnus pour leurs qualités militaires et de commandement.

À l’inverse, parmi les 60 peuples qui composent la Gaule, les Eduens se distinguent, eux, par leur supériorité commerciale. Et pour cause, ils ont prêté allégeance à Rome et entretiennent avec la République romaine des liens privilégiés. Vercingétorix, lui, ne supporte pas l’idée de devoir obéir à une autre autorité que celle d’un Arverne. Alors quand Jules César se lance en -58 dans sa Guerre des Gaules pour notamment piller les Gaulois de leurs richesses, Vercingétorix, du haut de ses 20 ans, ne peut s’y résoudre.

Durant l’hiver -53 à -52, les évènements se précipitent. Jules César qui avait réussi à soumettre une grande partie de la Gaule, doit revenir pour éteindre de nouvelles révoltes. Certains peuples refusent de payer des impôts supplémentaires à la République romaine. Parmi eux, les Arvernes et leur chef Vercingétorix.

Un chef de guerre stratège

Certains disent que son aisance à parler, très prisée chez les Gaulois qui ne savent pas écrire, lui permet de s’ériger chef de la révolte. De plus, la guerre lui est tout sauf étrangère.

Les sources semblent même indiquer que quelques années auparavant, le jeune arverne aurait été l’un des compagnons de tente de César, voire même le commandant d'un corps des cavaliers arvernes aux cotés des Romains. Vercingétorix aurait donc été formé aux méthodes de guerre romaines… avant de s’ériger ennemi numéro 1 du Proconsul Jules César !

Au printemps -52, Vercingétorix et ses troupes s’illustrent dans un conflit qui est depuis devenu incontournable dans les livres d’histoire : la bataille de Gergovie. Les hommes de Vercingétorix, positionnés sur le plateau de Gergovie, parviennent à repousser les 6 légions romaines.

Vercingétorix devient officiellement chef suprême des peuples gaulois. Une prouesse car il parvient à obtenir une union fragile entre des peuples réputés hostiles les uns avec les autres.

La trahison du plateau de Langres

Quelques semaines plus tard, les légions romaines marchent du Plateau de Langres, qui correspondrait à la Côte d’or actuelle, vers le sud. Vercingétorix s’apprête à lancer une attaque qu’il espère meurtrière et peut-être finale dans la guerre qui l’oppose à César.

Le chef gaulois a pour projet, aidé de ses nouveaux alliés dans la guerre, les cavaliers Éduens, de surprendre les légions romaines. À pieds, les légionnaires seraient au cœur d’un guet-apens. D’après les projections de Vercingétorix, les Éduens transperceraient les rangs ennemis pendant que les soldats gaulois s'abattraient soudainement sur leurs adversaires déjà fortement diminués par l'assaut des cavaliers. Mais rien ne se passe comme prévu.

Contre toute attente, les Romains résistent vaillamment. Soutenus par leurs renforts Germains, ils repoussent les différents assauts et forcent les troupes de Vercingétorix à se replier. 

Mais un détail interpelle Vercingétorix : les troupes de César semblaient presque trop bien préparées à cette attaque pourtant surprise. Cela ne l'étonnerait pas que des espions se cachent dans son armée et renseignent très discrètement le dictateur romain.

Le chef gaulois décide alors de mettre ses hommes à l’abri dans l'oppidum d’Alésia. On sait que Vercingétorix a malheureusement perdu cette ultime bataille. Mais ce que l'on sait moins, c'est qu'il était à deux doigts de vaincre Jules César, s'il n'avait pas, entre autres raisons, été vraisemblablement trahi par ses plus proches alliés, les Eduens.