La conquête américaine de Charles Aznavour

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Xavier Yvon, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Charles Aznavour, mort dans la nuit de dimanche à lundi à l'âge de 94 ans, était le chanteur français le plus connu à l'étranger, et particulièrement aux Etats-Unis.

"The last chanteur", le dernier chanteur en français. Voici le titre de l'article du New York Times consacré à Charles Aznavour en 1998 pour annoncer sa série de concerts à Broadway, quelques mois après la mort de Frank Sinatra. Le "Frank Sinatra français" comme l'appellent les Américains, avait une longue histoire d'amour avec les Etats-Unis, au point d'avoir inauguré l'an dernier son étoile sur Hollywood Boulevard.

"Je n'avais vu que Frank Sinatra inspirer au public un tel respect." Quand il arrive à New York pour la première fois en 1946 dans le sillage d'Edith Piaf, Charles Aznavour atterrit en prison, à Ellis Island, l'île des immigrés. "Je n'avais ni visa, ni argent, je ne parlais pas anglais", a-t-il confié plus tard à une radio américaine, dans la langue de Shakespeare. Une fois à Manhattan, Charles Aznavour doit vendre ses chaussures en peau de serpent, 50 dollars, pour pouvoir manger. Mais quand il revient dans les années 1960, c'est pour triompher, au mythique Carnegie Hall.

Sur la scène, Charles Aznavour chante en anglais. Et dans les coulisses, Gino Francesconi est éberlué. Celui qui est aujourd'hui historien du Carnegie Hall était à l'époque assistant des artistes. "Avant lui, je n'avais vu que Frank Sinatra inspirer au public un tel respect et une telle dévotion", confie-t-il sur Europe 1.

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"Il suffisait de mettre Aznavour et boum, tout était vendu." Depuis Los Angeles, son tourneur américain, raconte lui comment il avait supplié le chanteur de lui envoyer des affiches en couleur pour promouvoir ses concerts : "Quelques minutes avant le spectacle, il m'a fait venir, il m'a montré la salle comble et il m'a dit : 'Tu vois, pas besoin de couleur.' Il suffisait de mettre Aznavour et boum, tout était vendu."