Michel Hazanavicius 3:03
  • Copié
Céline Brégand
Le réalisateur français Michel Hazanavicius publie jeudi un livre illustré du scénario de "La Classe américaine", son film culte de détournement co-écrit avec Dominique Mézerette. L'occasion pour Michel Hazanavicius de revenir, sur Europe 1 jeudi, sur l'essence de ce film sorti en 1993 et son côté précurseur en France.
INTERVIEW

Le scénario du film La Classe américaine de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette sort ce jeudi aux éditions Allary. Un livre illustré qui se veut une parodie de la collection "Les grands classiques". Dans "Culture médias" jeudi, le réalisateur Michel Hazanavicius revient sur son film culte de détournement et sur la notion de plagiat. Sorti en 1993, La Classe américaine est un détournement d'extraits de films de la Warner remontés tous ensemble avec de nombreux acteurs hollywoodiens mythiques dont les voix ont été redoublées avec les voix originales françaises. "On leur fait dire n'importe quoi. C'est un film sur tout, sur rien", résume le réalisateur cinq fois oscarisés depuis pour The Artist.

"Un film qui repose sur ses conneries, les dialogues et les vannes"

Sur la quatrième de couverture de ce livre, co-signé avec le réalisateur et scénariste Dominique Mézerette décédé en 2016, on peut lire : "Découvrez les dialogues complets du film culte de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette, accompagnés d’un appareil critique et enrichis d’illustrations originales d’un des auteurs. Celui qui est vivant. L’autre dessinait mieux, mais il est mort. Monde de merde." Un résumé emprunt d'humour noir. 

Et l'humour est bien entendu l'essence même de ce film culte aux scènes savoureuses qui reprend la structure de Citizen Kane d'Orson Welles. Un plagiat ? Pas tout à fait. "J'ai mis les pieds dans le plagiat pour le dire autrement. On a repris la structure de Citizen Kane mais pas pour faire genre on le refait parce qu'on faisait n'importe quoi. Ça permettait vraiment de mettre toutes les conneries qu'on voulait et d'avoir quelque chose qui ressemble vaguement à une histoire", se souvient-il. "Mais ce n'est pas un film qui repose sur son histoire, c'est un film qui repose sur ses conneries, les dialogues et les vannes", ajoute le réalisateur. 

Le détournement d'images : "Un procédé très démocratisé avec l'arrivée du net"

Sur la forme, le film rappelle les films situationnistes comme La dialectique peut-elle casser des briques ? ou Les petites culottes en été. Des films que Michel Hazanavicius se rappelle avoir vu alors qu'il était en école d'art en 1985-86. "Je faisais un peu du détournement d'images fixes, comme les affiches, dans le cadre de cette école d'art et j'ai eu une révélation à ce moment-là", explique-t-il. 

Des procédés qui en a inspiré beaucoup d'autres notamment à la télévision. Mais Michel Hazanavicius n'estime pas avoir été plagié par d'autres après la sortie de La Classe américaine. "Je dirais pas qu'on a été plagiés. C'est un procédé qui a été très démocratisé avec l'arrivée du net et la possibilité de jouer avec des images", souligne le réalisateur des films OSS 117. "À l'époque, en 1993, jouer avec des images c'était compliqué. Et maintenant, avec le net, c'est à la portée de tout le monde."