Joann Sfar : "Je voulais faire du San Antonio avec des politiques de tous les jours"

  • Copié
G.M. , modifié à
Le dessinateur se moque du monde politique dans son roman en ressuscitant l'ancien maire de Nice, Jacques Médecin.

"C'est comme si je faisais des dessins, mais je les fais en roman". Invité de l'interview découverte de Caroline Roux, vendredi, sur Europe 1, à l'occasion de la sortie de son livre Le Niçois, le dessinateur, réalisateur et auteur Joann Sfar est revenu sur ce roman qui imagine le retour à Nice de feu Jacques Médecin, dont il a été maire durant cinq mandants. Ce roman, qui ressuscite l'une des figures de la politique française du 20ème siècle, se veut le révélateur des travers de la vie politique d'aujourd'hui.

"Un révélateur de conneries".Le lien entre Joann Sfar et Jacques Médecin est d'abord familial. "Mon père a été adjoint de Jacques Médecin. Il a démissionné le jour où il a reçu Jean-Marie Le Pen, mais j'ai eu la chance de grandir au milieu de ce personnage qui était plus grand que la vie. J'aime bien le faire revenir aujourd’hui", raconte l'auteur. "Comme dans OSS 117, on le sort du formol, on le remet aujourd’hui et comme il n'est pas faux-cul, c'est un révélateur de conneries. Je le mets dans les pattes des politiques d’aujourd’hui et c'est une explosion", poursuit-il.

"Avant tout un polar". Dans le livre, se retrouvent les personnages d'hier et d’aujourd’hui de la vie politique niçoise. Parmi eux, on trouve notamment Christian Lestrival, surnommé "pitchoun" dans le roman. Un "relecture" qui a beaucoup fait rire "l'original", Christian Estrosi. "Je l'ai eu au téléphone pendant dix minutes jeudi, il est mort de dire et il m'a dit 'à Nice on a le sens de l'autodérision'", raconte Joann Sfar. Le roman est "avant tout un polar avec des flingues, des poursuites et du cul. J'ai voulu faire du San Antonio, mais avec des politiques que je vois tous les jours".

La novlangue politique. Le Niçois moque aussi largement l'usage de la novlangue politique. "Ne pas l'utiliser devrait (être la norme) parce que le public n'est pas idiot. Les gens comprennent très, très bien ce que les politiques ont en tête et à force de ne pas le dire, ça agace", explique Joann Sfar. "Je mets Jacques Médecin au milieu pour que les gens le lisent. Le livre se conclut par un match entre Médecin et Plenel, je me suis fait plaisir", conclut-il.