INTERVIEW- Tomer Sisley («Comme mon fils») : les confidences de l'acteur sur sa famille recomposée

Tomer Sisley
Tomer Sisley est à l'affiche du téléfilm "Comme mon fils", diffusé lundi 20 mars sur TF1 © TF1
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Solène Delinger , modifié à
A l'occasion de la diffusion du téléfilm "Comme mon fils" lundi 20 mars à 21h10 sur TF1, Europe 1 s'est entretenue avec Tomer Sisley. Le comédien de 48 ans, qui y incarne un voyou en cavale développant une relation père-fils avec un petit garçon abandonné, s'est confié sur son enfance, ses propres liens avec ses enfants mais aussi son beau-fils. Interview. 

Tomer Sisley est de retour ce lundi 20 mars sur TF1, à 21h10, avec Comme mon fils, un téléfilm tiré d'une histoire totalement dingue mais pourtant bien réelle. Cette histoire, c'est celle de Victor, un voyou en cavale qui se retrouve obligé de jouer le papa de substitution avec Charlie, un petit garçon de 6 ans abandonné par sa mère dépressive. 

Tomer Sisley, qui a récemment dit adieu à son personnage de Balthazar dans la série éponyme, incarne dans Comme mon fils le rôle de Victor, braqueur en série solitaire qui rêve de s'acheter un voilier pour prendre le large. Ce délinquant au cœur tendre, un peu bourru, et très tatoué, va finir par briser l'armure au contact de Charlie. Alors que la police est aux trousses de Victor, l'homme et l’enfant vont apprendre à devenir père et fils, à s’aimer et être inséparables… Un scénario bouleversant qui évoque évidemment le grand classique de Clint Eastwood, Un monde parfait, sorti en 1993.

Tomer Sisley, papa dans la vraie vie, a instantanément été séduit par l'histoire de Comme mon fils, au point de vouloir produire le film. Le comédien de 48 ans s'est aussi glissé avec aisance et grand justesse dans la peau de Victor, ultra complice avec Charlie. Interview.

Vous avez tiré votre révérence dans Balthazar le 23 février dernier sur TF1 et vous revenez à peine un mois plus tard, ce lundi 20 mars, avec le téléfilm Comme mon fils, toujours sur TF1. Vous ne vous arrêtez donc jamais ?

C'est bien de travailler, non ? (Rires). Mais là, ça n'a absolument rien à voir avec Balthazar. 

Effectivement, vous changez totalement de registre avec ce film, dont vous êtes d'ailleurs coproducteur. Pourquoi ce choix ? 

Coproduire ou produire un film, c'est aller un pas plus loin dans le contrôle artistique. J'ai vraiment appris ça avec Balthazar. Au final, vous avez beau faire ce que vous voulez, autant que vous voulez, si vous n'êtes pas d'accord avec le producteur, c'est lui qui a le mot final. Quand le producteur refuse d'investir plus d'argent dans une scène, dans le nombre de figurants, dans un décor ou des costumes, des effets spéciaux, c'est vous, en tant qu'acteur, qui en pâtissez. Et le spectateur en pâtit aussi d'ailleurs. Pour Comme un fils, j'ai pu choisir le réalisateur et son équipe de tournage, mais aussi les décors. C'est pour ça que je voulais produire ce film. 

Victor, le personnage que vous incarnez, est un voyou en cavale qui prend sous son aile Charlie, un petit garçon abandonné. Victor est tatoué, brut de décoffrage. Comment vous êtes-vous glissé dans sa peau ?

J'ai timbré un peu plus ma voix pour faire de Victor un ours car c'est l'image que j'avais de lui. La transformation physique m'a aussi aidé : mine de rien, j'avais quatre heures de tatouages qu'on me faisait toutes les semaines. C'étaient des tatouages semi-permanents, qui restaient une dizaine de jours. Quand vous vous levez le matin et que vous voyez des tatouages d'une sirène ou d'un Jésus sur une croix, vous êtes déjà quelqu'un d'autre. Votre enveloppe physique n'est plus la même donc ça vous emmène ailleurs. 

 

"Mon père n'a jamais été absent"

Comme mon fils offre une réflexion sur la filiation. Victor n’a rien demandé et se retrouve à s’occuper d’un enfant qui n’est pas le sien et finit même par l’aimer. Les liens du cœur sont-ils nécessairement plus forts que les liens du sang ?

Je pense que oui. Les liens du sang sont ceux avec lesquels on démarre dans la vie. Avec les liens du cœur, il y a quand même un élément de choix. 

Vous avez vous-même une famille recomposée. Votre épouse Sandra a un fils Dino, né d'une précédente union. Le considérez-vous comme votre propre fils, au même titre que vos deux enfants, Liv et Levin ?

J'ai fait cette erreur-là pendant les premières années. J'essayais de me faire croire que Dino était mon fils. J'avais juste omis ce petit détail : c'est qu'il est comme mon fils, mais que ce n'est pas mon fils et ce ne sera jamais mon fils. A partir du moment où j'ai accepté ça, on a construit tous les deux une relation extraordinaire. Et c'est unique car ça ne vient pas des cartes qui ont été battues et qu'on nous a données à la naissance. 

Et vous, quelle a été votre relation avec votre père ? 

Mes parents se sont séparés physiquement quand j'avais cinq ans. Parce que nous vivions à Berlin et que mon père, qui était chercheur en dermatologie, avait accepté un boulot plus intéressant dans le sud de la France. J'ai très mal vécu cette séparation avec mon père. Il me manquait terriblement. J'ai le souvenir de le voir un peu partout, dans le métro, dans la rue, dès qu'il y avait un adulte avec une barbe. Mais il n'a jamais été absent. Il n'a jamais rompu le lien avec moi. J'allais le voir en vacances, il m'appelait et il m'écrivait. Trois ans après son départ, mon père est venu me chercher à Berlin pour que je vienne passer un an chez lui, en France. Quand il est venu, ma mère lui a dit : "Bon, ça sera pour plus d'un an", et je me suis installé définitivement avec lui. 

"Je suis ravi de remettre le costume de Largo"

Ce lien très fort avec votre père vous a-t-il inspiré pour jouer le rôle de Victor, qui est lui-même très protecteur envers le petit Charlie ? 

C'est surtout le fait d'avoir élevé trois enfants qui m'a facilité la tâche. Evidemment, ça aide dans les rapports avec les mômes. 

Comment s'est passé le tournage avec Jordan, qui joue avec brio le rôle de Charlie ? 

Comme avec tous les enfants, il a fallu être patient (Rires). Et, on devait surtout gérer sa fatigue. Il y a des règles très strictes pour les mineurs. Mais, quatre heures de tournage, ça reste très long pour un gamin de six ans. Et c'est compliqué de lui expliquer qu'il faut répéter son texte dix fois parce que oui, il a raison, ce n'est pas marrant de le faire. Mais, on a eu la chance d'avoir un petit bout d'acteur extraordinaire. 

Le tournage de Largo Winch 3 a commencé début février. Comment ça se passe ? 

Plutôt bien. Ce que j'en retiens, c'est une épaule déboîtée, et un avant-bras cassé (Rires). On a commencé dans le dur avec avec deux semaines de tournage, une cascade et une longue course poursuite, et aussi dans le froid avec -22 degrés. Mais tout ça est derrière, là on prend une petite pause puis on enchaîne avec la Thaïlande. Je suis vraiment ravi de remettre le costume de Largo.