Guernica, les 80 ans d'un tableau hautement symbolique

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Présentée pour la première fois lors de l'Exposition universelle de Paris en 1937, la toile est rapidement devenue un symbole pour dénoncer l'horreur de la guerre et les atrocités du fascisme. © AFP
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G.P. , modifié à
L'un des plus célèbres tableaux de Pablo Picasso fête mardi son 80e anniversaire. 

Une œuvre gigantesque. Dans tous les sens du terme. Plus de trois mètres sur sept pour un spectacle de l'apocalypse. Guernica fête cette semaine ses 80 ans. Présentée pour la première fois lors de l'Exposition universelle de Paris en 1937, la toile est rapidement devenue un symbole à part entière, à l'échelle internationale, pour dénoncer l'horreur de la guerre et les atrocités du fascisme.

Du bombardement à l'œuvre. Pourtant, l'histoire du tableau commence bien loin des ateliers de peintures et des pinceaux. En effet, le 26 avril 1937, la ville de Guernica est bombardée par l'aviation fasciste italienne et celle des nazis, pour soutenir la tentative de coup d'état nationaliste en Espagne. Des centaines d'habitants de cette petite ville de 7.000 âmes périrent lors de l'attaque. Rapidement, le massacre devient le symbole de la répression envers les antifranquistes et c'est grâce à la toile de Pablo Picasso, commandée par le gouvernement espagnol, que Guernica évolue vers quelque chose de beaucoup plus ample : la personnification, dans l'art, des atrocités de la guerre.

L'horreur universelle. Le tableau de Pablo Picasso est pourtant loin d'être une transcription fidèle des bombardements. Le peintre met davantage sa composition cubiste au service de la représentation d'une idée de la terreur, dont Guernica serait le point de départ. C'est aussi cette particularité qui rend le tableau du maître espagnol si universel. Pour autant, dans cette toile en noir et blanc, on distingue tout de même des figures distinctes comme ce cheval transpercé par une lance au premier plan, ou encore, cette figure humaine, sur la droite du tableau, qui semble hurler, les mains en l'air, pendant qu'un bâtiment prend feu dans l'arrière-plan.

Ancré à Madrid. Ce tableau est si emblématique qu'il suscite de nombreux débats et convoitises. En effet, depuis 1992, il fait partie de la collection permanente du musée de la Reine Sofia à Madrid, mais plusieurs institutions en réclament le transfert, en raison de son fort impact symbolique. Le musée d'art classique du Prado en 2010, le Guggenheim de Bilbao récemment, tout comme la ville de Guernica elle-même, via l'assemblée de la province basque d'Alava.

À chaque fois, le musée madrilène et l'Etat Espagnol refusent. La raison invoquée est toujours la même : "Il est impossible que le tableau voyage du fait de ses conditions de conservation extrêmement difficiles". Des tractations à l'image de l'oeuvre elle-même, traversée par les années d'histoire.