Elections, terrorisme et alliances au menu de la saison 2 de "Baron Noir"

La saison 2 s'intéresse au retour du Baron Noir (Kad Merad) dans le jeu politique. Ici avec son poulain, Cyril Balzan (Hugo Becker).
La saison 2 s'intéresse au retour du Baron Noir (Kad Merad) dans le jeu politique. Ici avec son poulain, Cyril Balzan (Hugo Becker).
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Clémence Olivier , modifié à
La série politique est de retour pour une saison 2 diffusée lundi sur Canal +.

En 2016, lors de son lancement, elle avait été qualifiée de "meilleure série politique française" par une grande partie de la critique médiatique, vendue à l'étranger et avait même obtenu une nomination aux Emmy Awards dans la catégorie meilleur acteur pour Kad Merad. C'est dire si la saison 2 était attendue. Mais il ne sera pas nécessaire de patienter très longtemps. Baron Noir, série politique qui décrit les magouilles politiciennes et la mécanique de l'exercice de l'Etat, au travers du parcours d'un député du Nord, Philippe Rickwaert, est de retour lundi soir sur Canal +.

Lors de la saison 1, lâché par son mentor, Philippe Rickwaert (Kad Merad), le fameux Baron Noir, avait mis tout en oeuvre pour reconstruire sa carrière. En vain. La saison 2 s'intéresse à son retour dans le jeu politique à un moment où les équilibres sont totalement modifiés, les partis extrêmes gagnant en puissance et les traditionnelles droite et gauche se délitant. "On avait envie d'écrire sur l'épuisement d'un système", confie à Europe 1 Jean-Baptiste Delafon, l'un des co-créateurs de la série.

La campagne et l'élection présidentielle rapidement traitées. La saison 2 démarre en pleine campagne présidentielle. La candidate du PS, Amélie Dorandeu, jouée par Anna Mouglalis affronte au deuxième tour le candidat du FN, Lionel Chalon, campé par Patrick Mille. Conseillée dans l'ombre par un Rickwaert tout juste sorti de prison, elle doit à la fois assurer son élection et anticiper des alliances nécessaires à une victoire aux législatives. De quoi nous faire penser à une certaine campagne présidentielle...

"Ce n'est pas un calque de la réalité". D'ailleurs les auteurs reconnaissent avoir été contraints de modifier leur scénario au vu des bouleversements de la campagne présidentielle 2017. Certaines similitudes sautent ainsi aux yeux. Amélie Dorandeu ressemble beaucoup à un certain Emmanuel Macron, le PS se meurt doucement et le pouvoir a tout de "jupitérien"... Mais les créateurs,  qui ont démarré l'écriture de la série en janvier 2016 pour la terminer en août 2017,  assurent qu'ils n'ont pas cherché à proposer "un calque fidèle".

"L'idée de la série, ce n'est pas d'être réaliste, c'est d'être plausible. Tout ce qui se passe dans Baron Noir n'arrive pas forcément mais pourrait arriver", assure Eric Benzekri, co-créateur de Baron Noir, ancien militant au PS et conseiller de Julien Dray, dont s'inspire le personnage de Rickwaert. "Amélie Dorandeu est une technocrate, elle ressemble à Emmanuel Macron. Pourtant nous avions créé son personnage alors qu'il était en dehors de nos viseurs. Mais il est normal que le Parti socialiste produise ce genre de personnage", pointe-t-il. "D'ailleurs, on ne réfléchit pas en tant que personnalité mais en tant qu'espace politique. Amélie Dorandeu n'est pas Macron mais elle occupe le même espace. De même, certaines alliances politiques existent dans la série alors qu'elles seraient impossibles dans le paysage politique tel qu'on le connaît actuellement", ajoute Eric Benzekri.

L'exercice du pouvoir décrypté. Le reste de la saison s'intéresse aussi aux hommes et aux femmes qui nourrissent le débat politique. On suit notamment les questionnements de Véronique Bosso, déçue par l'exercice du pouvoir, les tactiques du leader de l'extrême gauche, Michel Vidal (merveilleux François Morel) pour incarner la nouvelle gauche ainsi que le destin de Cyril Balzan, jeune député idéaliste et poulain de Philippe Rickwaert. "Il va se battre sur plusieurs chantiers, celui de la laïcité et de la carte scolaire", glisse son interprète Hugo Becker.

Mais la série décrypte surtout l'exercice passionnant du pouvoir : en vrac, l'usage du 49.3, les alliances, la façon dont un président doit gérer une France encore sous la menace d'attentats :  "Evidemment on ne pouvait pas contourner le débat", assure Jean-Baptiste Delafon. "Il ne s'agissait pas d'aborder le terrorisme en soit mais plutôt d'évoquer les questions politiques qui sont soulevées par ce type d'attentats".

 

Un retour réussi pour le Baron

Comment intéresser un public à une fiction qui parle de politique quand la réalité est déjà riche en rebondissements ? Les créateurs de Baron Noir évitent dans cette saison 2 de s'étendre sur une campagne présidentielle forcément moins captivante que celle vécue en 2017 (Rappelons nous : Nicolas Sarkozy et Alain Juppé évincés lors de la primaire, le renoncement de François Hollande, l'affaire Fillon, l'ascension d'Emmanuel Macron…) pour mieux se concentrer sur l'exercice du pouvoir face à des débats de société, la sécurité, la laïcité… mais aussi le début d'un nouvel équilibre politique, avec un PS aux abois, un centre-droit consolidé et des extrêmes de plus en plus puissants.

Et cela fonctionne grâce à un scénario particulièrement bien ficelé et à l'épaisseur des personnages, nombreux dans cette deuxième saison. Mention spéciale à Kad Mérad bien sûr, perdu entre une reconquête du pouvoir et ses histoires personnelles mais aussi à François Morel, particulièrement juste dans son costume de Mélenchoniste. Tactiques politiques, compromis, magouilles… une fois encore le spectateur devient un observateur privilégié de la mécanique du pouvoir pour son plus grand plaisir !