Europe 1 a pu accéder à la bibliothèque de Jean-Michel Blanquer. 1:27
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Nicolas Carreau , modifié à
Notre journaliste littérature Nicolas Carreau a pu accéder à la bibliothèque du ministre de l'Education nationale. Le "réalisme magique" sudaméricain côtoie les classiques de la littérature française, que Jean-Michel Blanquer entend bien défendre jusqu'au bout, notamment auprès du jeune public.
INTERVIEW

Quand il a emménagé au ministère de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer n'a pas pu rapatrier toute sa bibliothèque. Un crève cœur, assure-t-il. Mais dans son nouveau "chez-lui", on croise quand même beaucoup de livres, des essais, d'histoire et de droit, ainsi que beaucoup de romans. Il a emporté ses classiques, qu'il veut recommander à des amis ou pouvoir relire. Et il y a les livres "en attente", ceux qu'il espère pouvoir lire bientôt. Nous avons pu accéder à sa bibliothèque et parler littérature avec lui.

De la littérature Sud-américaine...

Ce qui marque en premier, c'est peut-être le désordre apparent. Les romans côtoient l'Histoire et le Droit, l'Amérique latine côtoie Raymond Aron. "J'ai beaucoup déménagé !", s'excuse le ministre. Mario Vargas Llosa, Gabriel Garcia Marquez... L'Amérique latine y tient tout de même une large place, avec une étagère entière remplie. Le ministre a vécu et travaillé en Colombie. Il aime cette littérature, le décalage, la fantaisie et la réalité rêvée de ces auteurs.

"Garcia Márquez a même théorisé ça en parlant de réalisme magique. C'est vrai. Ils y ont été enclins par le fait que leur société, le monde dans lequel ils ont grandi et vécu, est un monde extrêmement original, où la réalité elle-même offre tellement de prise à l'imagination et à des situations incroyables que ça a été un terreau de littérature extraordinaire", nous raconte Jean-Michel Blanquer.

...et du classique français

Sur une autre étagère, on croise Victor Hugo, Baudelaire, mais aussi toute La comédie humaine de Balzac en 24 volumes. "C'est un univers, tout un monde qui vit au travers de lui. Et puis c'est cette France du 19e siècle qui est là sous nos yeux, avec ce sens de l'analyse des comportements qui est le sien", explique Jean-Michel Blanquer.

Ces classiques, on les retrouve aussi sur les bancs de l'école... Ce qui, parfois, ne donne pas envie de les rouvrir. Faut-il continuer d'obliger les élèves à lire certains auteurs, quitte à les en écœurer ? "Qu'il y ait une part de contrainte, ce n'est pas forcément négatif en soi. Je pense aux lectures que j'ai pu faire à cet âge. Même celles qui m'ont moins plu font partie d'un bagage qui est dans ma tête et que je suis heureux d'avoir", répond le ministre.

Avant de préciser : "Mais il ne faut pas que tout soit 'contrainte', on doit cultiver le plaisir. On se rend compte qu'à l'école primaire, on peut cultiver le goût de la lecture, les enfants lisent avec plaisir. Mais, comme dans le reste du monde, à l'âge de 11 ans, il y a une perte du goût de la lecture, surtout chez les garçons. Il faut arriver à maintenir ce goût. Cela passe par la grande littérature, parfois par extrait, parfois par des ouvrages. Je pense que c'est bien de laisser le choix. Mais j'essaye tout de même veiller à ce que les élèves ne passent pas trop à côté des grandes œuvres."

Quand lit un ministre ? 

Le roman reflète l'identité d'une culture, selon lui. "Le roman est essentiel dans la façon dont le pays se voit lui même. D'où l'importance de ce qui se passe en littérature à l'école, au collège et au lycée. Tout jeune Français qui passe par l'école sait que Proust existe, sait que Victor Hugo existe et que Jean Valjean est un personnage essentiel", se réjouit-il.

Mais comment lire avec un emploi du temps de ministre ? Très, très tôt pour Jean-Michel Blanquer, qui se lève à quatre heures du matin, tous les jours.