D'où vient l'expression "un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s" ?

"Un de perdu, dix de retrouvé", une expression utile pour consoler les célibataires (image d'illustration)
"Un de perdu, dix de retrouvé", une expression utile pour consoler les célibataires (image d'illustration) © Pixabay
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Stéphane Bern
Dans la nouvelle émission d'Europe 1, "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression du quotidien. Vendredi, il s'intéresse à l'origine de "une de perdue, dix de retrouvées", qui comme "pleurer comme une madeleine" ou "la position du missionnaire", fait partie des locutions qui puisent leur origine dans la religion catholique.

C'est un classique, presque un cliché, que l'on utilise pour consoler un ou une amie qui vient de se faire larguer : l'expression "un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s"Stéphane Bern, qui chaque jour dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, décortique une expression que l'on utilise au quotidien sans toujours connaître son origine, se penche ce vendredi sur cette locution, qui n'est pas sans lien avec la Bible...

"On a tous à l’esprit la loi de 1905 qui, en France, a mis fin à l’union sacrée entre l’Église catholique et le pouvoir politique. Avant elle, la convention nationale supprime le budget de l’église constitutionnelle en précisant que la République ne salarie plus aucun culte. C'était un 18 septembre, comme aujourd'hui, en 1794. Deux dates qui sonnent la fin d'une relation dont il reste des traces parfois méconnues dans la langue française.

En effet, bon nombre d’expressions ont une origine religieuse. Ainsi, 'pleurer comme une madeleine', fait référence à Marie-Madeleine, qui se jeta aux pieds de Jésus en larmes. 'La croix et la bannière' évoque quant à elle les processions qui étaient difficiles à organiser. Ou encore la 'position du missionnaire', sur laquelle je ne m'étendrai pas aujourd'hui...

Une histoire d'argent, puis d'amour

J’aimerais vous parler d’une expression directement issue de la Bible : 'une de perdue, 10 de retrouvées'. Ou 'un de perdu, dix de retrouvé', en fonction des amours du ou de la célibataire à consoler. D'une manière générale, c’est l’occasion de dire que parfois, on remplace facilement quelque chose que l’on a perdu et que l’on croyait précieux. Au XIIIe siècle, on utilise couramment l’expression 'une de perdue, deux de retrouvées'. Avant de passer à dix, à cause de l’inflation verbale.

La formule vient de l’évangile selon Saint-Luc et de la parabole de la pièce perdue. Une femme possède dix drachmes, une monnaie antique. Elle en perd une, la cherche dans toute la maison et finit par la retrouver avec joie. Cette parabole signifie que les croyants doivent tout faire pour retrouver les brebis égarées et se réjouir quand un pécheur se convertit. On est bien loin de la consolation d’un célibat subi qui deviendrait une occasion de multiplier les conquêtes. D'ailleurs, ce dicton fonctionne-t-il ? Pas sûr. Il vaut mieux faire contre mauvaise fortune bon cœur. Et ne jamais oublier que quand on aime, on ne compte pas."