Derrière l'expression "dès potron-minet", un chat et... un écureuil

ecureuil
L'expression signifie "au petit matin" (photo d'illustration). © AFP
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Stéphane Bern
Dans la nouvelle émission d'Europe 1, "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression du quotidien. Mercredi, il s'intéresse à l'origine de "dès potron-minet", un locution dans laquelle le chat a chassé l'écureuil.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Mercredi, l'animateur nous réveille tôt pour ausculter les racines de l'expression "dès potron minet".

"Dès potron-minet". Malheureusement tombée aujourd'hui en désuétude, on utilisait cette expression pour dire "très tôt le matin", "dès l'aube", en somme "au lever du soleil". Pourtant si on la traduit littéralement en français d'aujourd'hui, "dès potron-minet" signifie "dès les fesses du chat".... Une signification bien mystérieuse, sur laquelle il est intéressant de se pencher.

L'origine de l'expression remonte au 17e siècle. Mais, à l'époque, on dit "dès potron-jaquet". Le jacquet désignait alors l'écureuil. Un animal qui, comme le chat, est capable de se reposer toute la journée, après s'être beaucoup affairé au lever du jour... Un animal que l'on apercevait donc "dès potron-jaquet", ou "dès potron-minet".

Le chat sachant chasser l'écureuil

Mais pourquoi "potron" ? Ce mot vient du vieux français "poistron", dont l'origine est le latin "posterio". Il signifie le derrière ou le postérieur. L'écureuil sortant très tôt le matin, il se montrait aux lève-tôt qui apercevaient surtout son derrière. Ils voyaient donc le potron du jacquet, dès potron-jaquet.

La vie étant devenue, au fil des siècles, plus citadine, on a pris davantage l’habitude de voir au réveil un chat qu'écureuil. Le potron-jacquet est donc devenu potron-minet. Les propriétaires de chat connaissent d'ailleurs bien cette habitude des félins domestiques de les réveiller dès l'aube... en leur montrant leur postérieur. Leur potron-minet, en somme !

À l'étranger, les expressions qui expriment cette "heure où blanchit la campagne" (comme l'écrivait Victor Hugo) choisissent d'autres animaux. Les Brésiliens se lèvent "ao cantar do galo", c'est-à-dire "dès le chant du coq". Une expression que l'on utilise aussi en français. Les Roumains, c'est très beau même s'il n'y a pas d'animal, se réveillent "au déversement des aubes". En Angleterre, on sort du lit "at sparrow's fart", Comprenez "au pet du moineau". Une autre forme de poésie...