D'où vient l'expression "être au bout du rouleau" ?

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Stéphane Bern , modifié à
Dans l'émission "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une locution du quotidien. Vendredi, il nous emmène à la découverte d'une expression qui illustre nos fatigues : "être au bout du rouleau". Un rouleau qui n'est pas forcément celui que l'on croit. 

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien, sans forcément connaître leur origine. Vendredi, il nous explique les racines d'"être au bout du rouleau" et de ses déclinaisons actuelles. 

"Plus la fin de semaine se rapproche, et plus on est susceptible d'utiliser et d'entendre cette expression : "Je suis au bout du rouleau". Son origine est assez ancienne, puisqu'elle remonte au XIVe siècle. Les livres d'alors ne ressemblent pas du tout à ceux d’aujourd’hui. Ils sont faits d’un bâton d’ivoire ou de buis, autour duquel on enroule des feuilles de papier écrites sur un seul recto, et collées bout à bout. On appelle cela des "rôles". C'est de ce terme que naîtra plus tard l'expression qui nous intéresse.

Au théâtre, les dialogues sont écrits sur ces fameux "rôles", qui donnent d'ailleurs leur nom au "rôle" joué par un comédien. Quand un acteur a peu de choses à dire, qu'il a un petit rôle, on appelle cela un "rôlet". Rapidement, le terme intègre la vie courante : quand une personne ne sait pas quoi dire, ni comment réagir, on imagine qu'elle est comme à la fin de son texte de théâtre. On dit alors qu’elle est "au bout de son rôlet".

"Être au bout", "être au bout de sa vie"

L'expression se transforme ensuite au XIXe siècle, période où "être au bout du rôlet" devient définitivement "être au bout du rouleau". À l'époque, les banquiers mettent des pièces dans des rouleaux en papier. Les personnes n’ayant plus d’argent étaient par conséquence "au bout du rouleau".

Aujourd'hui "être au bout du rouleau" exprime une extrême fatigue. Mais elle n'est pas la seule expression à recouvrir cet usage. En Tunisie comme en France, on peut également dire "être sur la jante". En Allemagne, on dit plutôt "siffler au dernier trou", une expression bien mystérieuse. Chez nos adolescents, car après tout ce sont eux qui aujourd’hui inventent les expressions de demain, l'épuisement s'exprime un peu différemment  : on est "au bout de sa vie"."