Jean-Jacques Toux est l'un des deux programmateurs des Vieilles Charrues 14:42
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Alexis Patri , modifié à
Jean-Jacques Toux, programmateur des Vieilles Charrues aux côtés de sa consœur Jeanne Rucet, est l'invité d'Emilie Mazoyer. Il explique à son micro comment le festival a réussi à se maintenir cette année dans une formule nouvelle. Europe 1 vous fait vivre les Vieilles Charrues en direct chaque soir, du 8 au 18 juillet.
INTERVIEW

Les contraintes, sanitaires, financières, artistiques étaient tellement nombreuses cette année que beaucoup de festivals ont préféré jeter l'éponge. Ce n'est pas le cas des Vieilles Charrues, qu'Europe 1, partenaire de l'évènement, vous fait vivre en direct avec Emilie Mazoyer du 8 au 18 juillet. À son micro, le programmateur Jean-Jacques Toux (qui officie en duo avec Jeanne Rucet) détaille les obstacles qui ont jalonné la route de l'édition 2021. Et comment les équipes du festival les ont contournés.

"On a démarré véritablement la réflexion en toute fin d'année 2020", explique Jean-Jacques Toux. Le contexte sanitaire et politique n'était pourtant alors pas tout à fait propice à imaginer un festival. Mais les équipes des Vieilles Charrues ont tout de même relancé la machine, après une pause forcée en 2020.

"En restant sur quatre soirs, on n'allait pas être très bons en termes de frustration"

"On est passé du mode un peu marmotte, où on n'avait rien fait pendant de longues semaines, à une activité assez dense", se souvient le programmateur. "Cela nous a mis beaucoup de baume au cœur, parce que l'on était en manque de boulot. Et puis, on voulait surtout parler d'artistique : on n'en parlait plus beaucoup dans l'actualité de la culture."

Dans cette réflexion est née une formule différente des Vieilles Charrues, pour s'adapter aux jauges sanitaires. "Assez rapidement, on s'est dit que si on faisait trois ou quatre soirs à 5.000 spectateurs on n'allait pas être très bons en termes de frustration", indique Jean-Jacques Toux. "Je crois que c'est Jérôme Tréhorel, notre directeur, qui s'est dit que dix soirées, ça sonnait bien. Et c'est parti comme ça."

"Les artistes ont tous joué le jeu de manière assez remarquable"

La décision prise, encore fallait-il que les artistes acceptent. Car une jauge réduite implique des recettes moindres à la billetterie, au bar et aux stands de restauration. C'est autant d'argent en moins que Les Vieilles Charrues ne pouvaient plus mettre dans les cachets des artistes.

"Quand on passe d'une jauge de 55.000 à 5.000, le producteur s'attend à un coup de fil des Charrues pour parler argent. Très honnêtement, ça s'est fait de manière hyper naturelle, avec vraiment beaucoup de compréhension de la part des producteurs et des artistes", se réjouit le programmateur. "On les remercie infiniment, parce qu'ils ont tous joué le jeu de manière assez remarquable. Les artistes étaient tellement fiers de se projeter, d'avoir des dates, et une date aux Charrues. Tout s'est fait en super bonne intelligence."

"On a programmé pour la première fois des artistes que l'on n'avait jamais vu sur scène"

À bien regarder la programmation des Vieilles Charrues 2021, il est pourtant difficile de ne pas remarquer l'absence des artistes internationaux, grands habitués du festival. "On s'est demandé pendant un long moment si il fallait y aller quand même", reconnaît Jean-Jacques Toux. "Mais il ne fallait pas annoncer des artistes internationaux pour finalement les annuler en mai, juin ou juillet. En termes de frustration, on était déjà tous au taquet."

La seule artiste internationale de cette édition est finalement Marina Satti, qui s'est produite sur la scène des Vieilles Charrues jeudi, soir de l'ouverture. Elle était précédée d'une autre chanteuse, Française mais venue d'encore plus loin : la Réunionnaise Maya Kamaty. Deux femmes sur les trois artistes programmés ce soir-là. Au total, les artistes femmes représentent 40% de la programmation des Vieilles Charrues.

Un chiffre dont le festival n'a pas à rougir, en comparaison avec d'autres festivals français. Et ce n'est pas un hasard. "C'était vraiment important que chaque jour, on retrouve des artistes féminines sur la scène des Vieilles Charrues. On l'a eu à l'esprit chaque jour", confirme Jean-Jacques Toux.

La programmation des Vieilles Charrues se distingue également par sa volonté, malgré une version réduite, de conserver les artistes émergents. Un véritable pari, après de longs mois sans concerts. Pour la première fois, on a programmé en découverte des artistes que l'on n'avait jamais vu sur scène. L'année précédente, c'était absolument impensable qu'on programme des jeunes artistes comme ça, sans les avoir vus en concert avant", précise le programmateur. "On s'est fait confiance à nous-mêmes, ainsi qu'aux producteurs et aux tourneurs."

Radio Head, les Rolling Stones et Paul McCartney en 2022 ?

Alors que cette édition 2021 s'achèvera le 18 juillet, Jean-Jacques Toux a déjà un pied dans la préparation de l'édition 2022, qu'il espère la plus proche possible d'une édition sans menace du Covid-19. Ce sera alors les 30 ans du festival.

"On commence à se projeter un peu sur les têtes d'affiche de 2022. On est encore au début, mais oui, c'est lancé", affirme-t-il, avant d'évoquer les artistes internationaux qu'il aimerait voir venir à Carhaix. "Je ne sais pas si c'est raisonnable d'y penser, mais Radio Head, les Rolling Stones, Paul McCartney... Les Daft Punk, malheureusement, c'est compliqué maintenant. Et on retrouvera Céline Dion, c'est 2023."