Cinq choses à savoir sur Andreï Makine, nouveau membre de l'Académie française

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Andreï Makine a été élu à l'Académie française en un seul tour. © DANIEL MIHAILESCU / AFP
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M.S. avec AFP
L'écrivain vient d'être élu au fauteuil numéro cinq de l'Académie française. Il succède à la romancière algérienne Assia Djebar.

On connaît désormais le nouvel occupant du fauteuil numéro cinq de l’Académie française. L'écrivain d'origine russe Andreï Makine a été élu jeudi à la prestigieuse institution, une consécration pour ce romancier longtemps boudé par les éditeurs et qui dut batailler pour obtenir la nationalité française. L'auteur de 58 ans a été élu au premier tour par quinze voix sur 26 votants. L'écrivain succède à la romancière algérienne Assia Djebar, décédée en février 2015. Il devra patienter pendant au moins un an avant de revêtir l'habit vert et d'être officiellement reçu sous la Coupole. Qui est le nouvel immortel de cette institution presque quatre fois centenaire ? Europe1.fr dresse son portrait en cinq points.

Il a inventé un traducteur imaginaire. Lorsqu'il débarque à Paris de sa Sibérie natale, Andreï Makine n'a rien d'autre qu'une vision mythique de la France, transmise, en même temps que la langue, par sa grand-mère d'origine française. La réalité qu'il découvre ne correspond pas au mythe. Mais cela ne le décourage pas, au contraire. Il vivote, écrit et envoie ses manuscrits, même si les refus des éditeurs s'enchaînent. Pour faire éditer ses deux premiers romans, La fille d'un héros de l'Union soviétique (1990) et Confession d'un porte-drapeau déchu (1992), il fait croire qu'ils ont été traduits du russe en inventant un traducteur imaginaire.

Il a reçu trois prix pour Le testament français. Auteur de seize livres sous son nom et de quatre sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde, Andreï Makine a réussi l'exploit, en 1995, d'être couronné par les prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis pour son roman Le testament français. C’est cet ouvrage qui lui apporte la consécration. En 2005, le romancier a également reçu le prix Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son oeuvre et en 2014 le prix Mondial de la Fondation Simone et Cino del Duca-Institut de France. 

Il a obtenu la nationalité française en 1995. Sa première demande de nationalité française en 1991 est également refusée. "C'était humiliant pour moi, qui suis imprégné de culture française. Mais je ne veux pas me plaindre. Je n'avais pas de domicile ni de travail fixes. Ils avaient sans doute raison", analysera-t-il plus tard. Le testament français lui ouvre les portes de la notoriété. L'année suivante, Andreï Makine obtient enfin la nationalité française.

Il a horreur du verlan. "C'est tout naturellement que j'écris en français, et ce depuis mon arrivée en France" en 1987, se souvenait Andreï Makine dans un rare entretien publié par Le Figaro au début des années 2000. "Le français m'a toujours baigné et a encouragé, stimulé mon amour pour la littérature française", dit le romancier, qui défend une conception rigoriste de la langue, ne supportant ni le "verlan" ni la grammaire approximative.

Il s’inquiète de l’auto-dénigrement des Français. Son dernier roman, Le pays du lieutenant Schreiber (2014) retrace l'histoire de Jean-Claude Servan-Schreiber, officier français et résistant au nazisme mais tombé dans un quasi-oubli. Comment cela est-il possible, s'interroge Makine qui, à l'instar des académiciens Alain Finkielkraut ou Max Gallo, s'inquiète d'un possible délitement de l'identité française et d'une perte de mémoire collective. Il avait déjà eu l'occasion d'aborder ce thème dans Cette France qu'on oublie d'aimer (2006) où il fustigeait la tendance française à l'auto-dénigrement.