Abd Al Malik 1:56
  • Copié
Alexis Patri
L'artiste multi-casquettes Abd Al Malik a évoqué au micro d'Anne Roumanoff les faiblesses, mais aussi les forces de la France dans la lutte à mener contre les inégalités, notamment raciales. Un combat qui est, pour le rappeur et réalisateur engagé, l'affaire de chacun. 
INTERVIEW

Rappeur, auteur-compositeur-interprète, écrivain et réalisateur français engagé, Abd Al Malik a à cœur la lutte contre les injustices. Un combat que l'on retrouve dans toutes ses œuvres, et notamment dernièrement son livre Méchantes blessures (paru le 10 septembre aux Éditions Pocket), son spectacle Le jeune noir à l’épée (conçu avec le chorégraphe burkinabé Salia Sanou et actuellement en tournée), et son autre Lettre à ma ville 2020 (en représentation mardi 22 et mercredi 23 septembre à La Filature de Mulhouse). Selon lui, la France a en elle les forces nécessaires pour lutter contre les inégalités et les injustices, comme il l'a expliqué dans Ça faitdu bien, au micro d'Anne Roumanoff.

"Ce n'est pas à qui souffre le plus"

Questionné sur le mouvement Black Lives Matteret sur les violences policières, Abd Al Malik reconnaît que ces actualités résonnent avec les thématiques de ses œuvres. Mais il ne voudrait pas que l'on se méprenne sur son message. "Je ne plaide pas pour la cause noire, je plaide pour la justice", spécifie-t-il. "Et il se trouve que du côté des victimes, il y a beaucoup de Noirs. C'est l'Histoire qui veut cela, c'est lié à l'esclavagisme, au colonialisme et à toutes ces choses-là."

Selon le rappeur aux quatre Victoires de la musique, ce combat, qui rejoint celui plus large contre l'idée d'injustice, est l'affaire de tous. "Le Noir est aujourd'hui presque le symbole de la victime. Mais qu'on ne se trompe pas : ce n'est pas le règne de la quantité, ce n'est pas à qui souffre le plus", alerte-t-il. "La réalité est que nous devons tous être du côté des victimes, du côté de la justice. C'est important." 

"La machine républicaine est fonctionnelle"

La solution à la lutte pour la justice est là, à en croire l'artiste de 45 ans. "Notre pays, la France, a besoin d'être exemplaire", clame-t-il. " Dans ce sens où nous avons des institutions et une philosophie fabuleuses, mais qu'elles ne peuvent prendre tout leur sens que si elles s'appliquent à tout le monde de la même manière. Il ne peut pas y avoir de citoyenneté à deux vitesses, qui stigmatise ceux qui ont telle couleur de peau, tel sexe, etc."

L'auteur de Camus, l'art de la révolte estime en effet que les dysfonctionnements de notre société sont avant tout une affaire de personnes. "La machine républicaine est fonctionnelle", indique-t-il. "Ce sont les êtres qui conduisent ce véhicule qui eux, peut-être, ne sont pas fonctionnels." Des individus qui sont la source du problème, mais aussi sa solution. "Il faut penser à s'engager soi-même là où on est et ne pas attendre que les autres bougent pour nous."