Un immortel dans le "fauteuil de la mort"

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avec AFP , modifié à
François Weyergans a fait son entrée à l’Académie française, au tristement célèbre fauteuil 32.

Il est coutumier du fait. C'est avec quelques minutes de retard que l'écrivain François Weyergans a été reçu sous la Coupole de la prestigieuse Académie française, en habit vert d'immortel signé Agnès b avec, au côté, l'épée du chorégraphe Maurice Béjart.

Après avoir annoncé sous les rires que le nouvel immortel allait être "légèrement en retard", le romancier et académicien Erik Orsenna, dans un discours admiratif et enjoué, s'est moqué gentiment de sa réputation : "Vous voici. Vous voici enfin ! Nous avons failli attendre", a-t-il lancé.

Le voici pendant son discours :

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© EUROPE 1 - JEAN-PIERRE VERNERET

Elu à l’Académie française le 26 mars 2009, l’écrivain, prix Goncourt surprise en 2005 pour Trois Jours chez ma mère, occupe désormais le fauteuil 32. Un fauteuil vacant depuis huit ans, et réputé maudit.

Le dernier occupant en date est l'écrivain et historien d'art Maurice Rheims, décédé en 2003 et qui avait siégé pendant 27 ans. Depuis, Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, a eu bien du mal à trouver un successeur. Malédiction ou tragique hasard, une série de drames a touché les immortels élus au fauteuil 32.

Morts successives au fauteuil 32

Le premier à avoir été élu au fauteuil 32, en 2004, Alain Robbe-Grillet, père du Nouveau Roman, est décédé avant son intronisation. Il avait auparavant refusé de porter l’habit vert et de faire un discours. Avant lui, Robert Aron, qui avait précédé Maurice Rheims au même fauteuil, n'était pas non plus parvenu à s'y asseoir. Elu en 1974, l'historien devait être reçu sous la Coupole le 25 avril 1975. Il mourra six jours avant.

Il y a plus longtemps, Hippolyte Langlois, auteur d'ouvrages de théorie militaire, n'avait passé que sept mois sur ce fauteuil. Et Louis-Simon Augier, élu en 1816 au fauteuil 32, fut le premier immortel à se donner la mort.

Une tragique histoire qui inspire la littérature

Cette série noire a inspiré Gaston Leroux, qui a publié Le Fauteuil hanté, en 1911. Et la fille de Maurice Rheims, dernier occupant du fauteuil en date, a écrit Le Fantôme du fauteuil 32, publié récemment aux éditions Léo Scheer.

De son côté François Weyergans a balayé toute superstition. "Bien d'autres fauteuils ont connu la mort d'immortels...", a-t-il nuancé.