Nevermind, les 20 ans d’un album culte

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Le disque de Nirvana va être réédité à l’occasion de son 20e anniversaire. Analyse d’un phénomène.

24 septembre 1991. Dans l’anonymat le plus complet, Nirvana, un groupe punk-rock de Seattle, sort son deuxième album, Nevermind. Produit par un label underground, Greffen Record, ne bénéficiant d’aucune promotion particulière, l’oeuvre, portée par le titre Smells like teen spirit, détrône pourtant en janvier le King Michael Jackson de la tête des charts américains.

Les riffs du bassiste Krist Novoselic, la batterie furieuse de Dave Grohl et bien sûr la guitare enragée et la voix éraillée de Kurt Cobain gagnent bientôt le monde. Vingt ans plus tard, le disque s’est vendu à plus de 27 millions d’exemplaires, dont 10 aux Etats-Unis. Il n’en fallait pas plus à Universal pour annoncer, jeudi, la réédition de l’album culte, prévue pour le 24 septembre 2011.

"L’un des grands chefs d’oeuvre du rock"

"On nous annonce neuf titre-bonus inédits, un coffret Deluxe avec un DVD contenant un concert inédit, des clips inédits, une prestation BBC. Bon bah voilà, il va falloir faire un nouvel emprunt à la banque", s'amuse Philippe Manœuvre, joint par Europe1.fr. Ce grand spécialiste du rock est évidemment un inconditionnel de l’album. "C’est l’un des grands chefs d’oeuvre du rock. Il y a dans Nevermind des chansons absolument géniales", s’enflamme le rédacteur en chef de Rock&Folk. "Ça reste colossal. Quand j’entends Come as you are à la radio, je ne change pas de fréquence. Quand même, c’est très fort : Lithium, Polly, Territorial Pissings, In Bloom, ce sont des titres qui claquent, c’est ça qui est magnifique. C’est un grand disque."

L’œuvre est d’autant plus révolutionnaire qu’elle lance une tendance nouvelle dans le rock : le grunge. "L’idée derrière tout ça, c’était de faire un mélange entre Black Sabbath et les Beatles", raconte Philippe Manœuvre. "Faire lourd comme du Black Sabbath et mélodique comme du Beatles. Et Nevermind est le déclencheur de ce mouvement, l’un des derniers dans l’histoire du rock."

"Kurt Cobain, c’est LE rocker"

La réussite du disque tient aussi à la personnalité de Kurt Cobain, le chanteur, l’icône du groupe. "C’est la dernière fois où on voit apparaître une star du calibre de Syd Barrett, Jimi Hendrix, Brian Jones ou Janis Joplin", compare Philippe Manœuvre. "Même quand il a les cheveux rouges, quand il a la barbe, quand il est avec des chemises à carreaux, au fin fond de l’héro, il a ce look incroyable. C’est LE rocker, quoi. Et il faut voir avec quelle foi, quelle volonté il s’est immergé dans le rock, se posant sans arrêt la question : que penserait Lester Bangs (le mythique critique rock, mort en 1982 à 33 ans, ndlr) s’il était encore là ?"

Pour les plus jeunes, la réédition de Nevermind sera donc l’occasion de découvrir ou redécouvrir un groupe culte, qui a marqué l’histoire du rock. "On est très content que Nevermind se voit appliquer un grand traitement", se réjouit Philippe Manœuvre, qui tempère tout de même : "C’est la fin finale. On est dans les cryptes. On est face à une industrie qui a renoncé à signer des nouveautés, parce que ça coûte trop cher, parce qu’il y a trop de copies dans le rock. Et qui fait donc du carbure avec l’ancien", déplore-t-il. "Qu’est-ce que ça va être la rentrée ? Nirvana et Pink Floyd. ce serait bien d'avoir un groupe un peu jeune, quoi !"