Ndiaye revient sur ses propos "excessifs" sur Sarkozy

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La lauréate du Goncourt, qui a quitté la France en 2007, avait parlé à l’époque "d’atmosphère de flicage".

Depuis deux ans, Marie Ndiaye vit à Berlin, en Allemagne. "Nous sommes partis juste après les élections en grande partie à cause de Sarkozy (...) Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... ", avait-elle expliqué dans un entretien aux Inrockuptibles cet été. Des propos sur lesquels celle qui est désormais lauréate du Prix Goncourt est revenue mercredi sur Europe 1.

Marie Ndiaye a rejeté l'idée d'un exil politique. "Je n’aime pas dire les choses ainsi. C’est très excessif. Je ne veux pas avoir l’air de fuir je ne sais quelle tyrannie insupportable", a assuré l’écrivaine. "Depuis quelques temps, je trouve l’atmosphère en France assez dépressive, assez morose. Il me semble qu’à Berlin, elle est plus exaltante", a-t-elle simplement expliqué. Quant au lien direct entre son départ de France et l’élection de Nicolas Sarkozy ? "Je ne crois jamais qu’un seul homme puisse faire un pays", a répondu l’écrivaine.

Les propos critiques de Marie Ndiaye sur Nicolas Sarkozy sont à l’origine d’une nouvelle polémique depuis son élection par le jury Goncourt pour son dernier roman Trois femmes puissantes. Le député UMP Eric Raoult a estimé mardi qu'une "personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d'un certain respect à l'égard de nos institutions". L’élu avait même mis en avant un "devoir de réserve dû aux lauréats du Prix Goncourt". "Le devoir de réserve des Prix Goncourt n'existe pas", a rétorqué mercredi Bernard Pivot, lui-même membre de l'Académie Goncourt.

Marie Ndiaye a pour sa part vanté "l’effervescence artistique" de Berlin, qui représente "ce qu’était sans doute New York dans les années 70". Elle a expliqué qu’elle envisagerait de quitter la ville un jour. "Quand j’aurai le sentiment que Berlin n’aura plus rien à m’apporter en tant qu’écrivain", a-t-elle expliqué.

Marie Ndiaye a au passage rejeté le titre d’auteur engagé alors que son dernier roman retrace la trajectoire de trois femmes africaines contraintes de s’exiler. "Il me semble que les auteurs engagés, dont je ne crois pas être, essaient d’apporter des tentatives de résolution, ce que je me sens incapable de faire. Je voulais simplement qu’on soit émus par le sort de ces femmes", a expliqué la lauréate du Goncourt.

> Retrouvez en intégralité l'interview de Marie Ndiaye au micro de Jean-Pierre Elkabbach.