Les immanquables de la rentrée littéraire

David Foenkinos, futur Goncourt ?
David Foenkinos, futur Goncourt ? © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Peu volumineuse, la rentrée littéraire 2011 fait la part belle aux valeurs sûres et aux étrangers.

Des sujets sombres, des parutions moins nombreuses mais plusieurs grands noms de la littérature contemporaine au rendez-vous, voici les tendances de la rentrée littéraire 2011 :

Une rentrée poids plume. Avec 654 romans - près d'une cinquantaine de moins que l'an dernier - la rentrée littéraire 2011 ne brille pas par le nombre. Après des ventes moroses au premier semestre, c'est même l'une des rentrées les moins prolifiques depuis dix ans, selon Livres Hebdo. Avec un recul de 12%, les ouvrages français paient le plus lourd tribut.

Carrère et Darrieussecq de retour

Les valeurs sûres au rendez-vous. Fidèle à son habitude, Amélie Nothomb est là avec Tuer le père (Albin-Michel). Avec Limonov (P.O.L.), Emmanuel Carrère dresse un portrait choc de l'iconoclaste Edouard Limonov, voyou et artiste underground sous Brejnev puis fondateur de l'ultranationaliste Parti national bolchévique. Chez le même éditeur, Marie Darrieussecq signe Clèves, un livre perturbant relatant l'éveil à la vie amoureuse et sexuelle d'une petite fille. A l'heure où le numérique est accusé de submerger le papier, Frédéric Beigbeder sauve ses 100 livres préférés dans son "arche de papier" intitulée Premier bilan après l'Apocalypse (Grasset).

Déjà un "prétendant" au Goncourt. A peine paru, Les souvenirs de David Foenkinos (Gallimard) est déjà donné favori pour le Goncourt. Drôle et grave, le roman est une enquête loufoque et fabuleuse d'un aspirant écrivain à la recherche de sa grand-mère en fugue. Verdict le 3 novembre.

Moins de premiers romans. Avec onze publications de moins que l'an passé, les premiers romans souffrent plus que les autres de la frilosité des éditeurs. Certaines maisons comme P.O.L, Denoël ou L'Olivier n'en publient même aucun. "On a l'impression d'être dans un océan en train d'essayer de nager tout seul, on se demande si on va arriver sur l'autre rive", a confié à Europe 1, Annick Stevenson qui publie son premier roman Génération Nothomb aux éditions Luce Wilquin. Parmi les 74 titres réchappés de la crise, un pavé de 600 pages : L'Art français de la guerre d'Alexis Jenni (Gallimard), stupéfiante plongée dans l'horreur des combats, du sang et de la fatalité. Dans Brut (Seuil), Dalibor Frioux imagine un meilleur des mondes détraqué dans une Norvège croulant sous l'or noir.

Murukami, Franzen et Frossman débarquent en France 

Les étrangers en force. Pour cette rentrée 2011, seuls les romans étrangers gagnent du terrain avec quinze titres de plus qu'en 2010. Trois stars internationales sont notamment promis à un bel avenir dans les librairies hexagonales. Best-seller au Japon, 1Q84 de Haruki Murakami (Belfond) est une odyssée initiatique entre deux mondes, réflexion désabusée sur la société nippone. De même, Freedom (L’Olivier), de l'Américain Jonathan Franzen, chronique touffue d'une famille américaine sur trois décennies, s'est vendue à plus d'un million d'exemplaires aux Etats-Unis. Emotion aussi avec l'Israélien David Grossman : dans Une femme fuyant l'annonce (Seuil), le lecteur y suit une mère qui fuit Jérusalem pour éviter ceux qui lui révèleront, elle le sent, la mort de son fils soldat. Un écho poignant à la propre expérience de l'écrivain qui a perdu son fils au front.

Et aussi. L'ancien grand reporter à Libération, Sorj Chalandon, revient sur l'Irlande du Nord et l'IRA et poursuit, dans Retour à Killybegs (Grasset), son travail de deuil entamé avec Mon traître. Dans Le système Victoria, Eric Reinhardt (Stock) confronte un couple dans l'impasse au désenchantement du monde. Véronique Ovaldé propose Des vies d'oiseaux (L'Olivier) et Lydie Salvayre avec Hymne (Seuil) part à Woodstock à l'assaut du mythe Hendrix. Avec Tout, tout de suite (Fayard),  Morgan Sportès signe un roman-enquête sur l'effrayant crime du Gang des barbares en 2006. Remarqué aussi, La belle amour humaine  de l'Haïtien Lyonel Trouillot (Actes Sud).