Dans Soumission, Houellebecq défend sa "vision du monde"

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avec AFP , modifié à
LIVRE - Alors que son livre est au cœur de la polémique, avant même sa sortie en librairies, l'auteur s'est confié au Nouvel Obs. 

Il ne sortira que mercredi. Et pourtant, Soumission, le dernier Houellebecq, fait déjà couler beaucoup d'encre. Dans ce contexte, l'auteur a livré ses analyses au Nouvel Observateur, dans un entretien à paraître jeudi. La montée en puissance du religieux, la place des femmes en Occident, ou encore la constitution d'un hypothétique "parti musulman", l'auteur y aborde différents thèmes qui sont au cœur de son dernier livre. Extraits choisis.

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"L'athéisme et la laïcité sont morts". Pour Michel Houellebecq, pas question de faire des manières. "Aujourd'hui l'athéisme est mort, la laïcité est morte, la République est morte", affirme l'auteur, sans concession. "Il me paraît difficile de nier, aujourd'hui, un puissant retour du religieux", ajoute l'auteur. "Un courant d'idées né avec le protestantisme, qui a connu son apogée au siècle des Lumières, et produit la Révolution, est en train de mourir. Tout cela n'aura été qu'une parenthèse dans l'histoire humaine", a-t-il conclu. 

Les musulmans de France, dans une "situation intenable". Pour le Goncourt 2010, les musulmans seraient, "sur le plan sociétal, plus proches de la droite, voire de l'extrême droite qui, en même temps, les rejette avec  violence." Une situation "intenable", analyse le romancier. "Qu'est-ce qu'ils peuvent voter, les musulmans de France ? Ils ne peuvent pas voter pour des socialistes qui mettent en place le mariage homosexuel. Ils ne vont quand même pas voter non plus pour des gens de droite qui veulent les virer. La seule solution serait effectivement la constitution d'un parti musulman", avance l'auteur de Soumission, qui imagine justement dans sa politique fiction le chef d'un parti musulman accéder au pouvoir dans la France de 2022. 

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Les retombées de son livre. D'après l'écrivain, sa neutralité lui a permis de capter une situation, rien de plus. "Je n'ai rien d'autre à délivrer qu'une vision du monde. Mais je tiens à la délivrer", assure-t-il.

Michel Houellebecq confie aussi faire "davantage confiance à l'intelligence de la masse qu'à celle des élites". Ce roman suscitera-t-il la polémique ? "Peut-être", concède Michel Houellebecq, "chez ceux qui gagnent leur vie en polémiquant". Mais il en est sûr : son livre sera perçu par le public "comme un livre d'anticipation, sans rapport réel avec la vie", ajoute-t-il. 

Le politiquement correct ?La gauche ? Le fait est "que je ne corresponds pas, pour la gauche, à l'ennemi classique. Je n'agresse pas le politiquement correct. Je le traite comme un phénomène étrange, saugrenu, que je vois de très loin", affirme encore Michel Houellebecq.

"Ceci me permet de traiter les choses avec humour tout en les prenant au sérieux. Je pose des questions auxquelles la gauche ne peut pas répondre. La droite non plus, d'ailleurs". Son livre, Soumission, tiré à 150.000 exemplaires, sera dans les librairies dès mercredi.