nahel 1:38
  • Copié
Geoffrey Branger avec AFP , modifié à
La justice organise ce dimanche matin à Nanterre une reconstitution des faits ayant conduit au décès de Nahel, ce jeune de 17 ans tué le 27 juin 2023 par un tir de police, un drame qui avait entraîné des émeutes d'une intensité exceptionnelle.

Selon des sources proches du dossier et l'avocat de la mère de Nahel, les deux policiers présents ce matin-là, dont Florian M., mis en examen pour homicide volontaire, ainsi que plusieurs témoins, seront présents. "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c'est un moment fort", a souligné auprès de l'AFP Me Nabil Boudi, le conseil de la mère de Nahel.

Sur place, un important dispositif de sécurité est présent depuis 6 heures pour éviter tout débordement ou rassemblement qui pourrait gêner cette nouvelle phase de l'enquête, a constaté Europe 1. Les enquêteurs souhaitent comprendre comment ce contrôle routier a pu virer au drame. Les versions diffèrent. Les policiers assurent avoir agi dans le cadre de la légitime défense, ce que contestent d'autres témoins. 

Stigmates des émeutes

Non loin de ce carrefour plutôt passant de Nanterre, ville située à l'ouest de Paris, certains bâtiments portent encore les marques des nuits d'émeutes qui avaient suivi la mort du jeune homme. Écoles, tribunaux et autres bâtiments publics attaqués, magasins pillés… Des dégâts estimés à un milliard d'euros ont été enregistrés à travers le pays, selon un rapport du Sénat.

L'enquête sur la mort de Nahel, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l'usage de l'arme à feu était légitime. Selon des éléments de l'enquête, après une course-poursuite, le véhicule conduit par Nahel avait été arrêté par la circulation. Une première version policière, selon laquelle l'adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par une vidéo de la scène diffusée sur les réseaux sociaux.

On y voit les deux policiers sur le côté du véhicule, braquant le conducteur de leurs armes. L'un d'eux lui tire dessus alors que le véhicule redémarre. La voiture s'était ensuite encastrée dans un bloc de béton, quelques dizaines de mètres plus loin. Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, a été placé en détention provisoire pendant cinq mois. Il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire en novembre après plusieurs demandes de son conseil.

L'émotion de Mounia

Après la remise en liberté du policier, Mounia, la mère de Nahel qui l'élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel plusieurs centaines de personnes s'étaient rendues dans le calme.

"Un policier tue un enfant, arabe ou noir, devient millionnaire et sort de prison, retrouve sa famille tranquillement pour les fêtes", avait-elle déploré dans une vidéo, en référence à la cagnotte qui a récolté plus de 1,6 million d'euros en soutien à la famille du policier.