L'agence d'intérim Adecco condamnée à 50.000 euros d'amende pour discrimination à l'embauche

Deux des cadres du groupe franco-suisse étaient entendus à la barre.
Deux des cadres du groupe franco-suisse étaient entendus à la barre. © Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
Ce mercredi 13 mars, le tribunal correctionnel de Paris a condamné le géant Adecco à une amende de 50.000 euros. L'agence d'intérim franco-suisse a en effet été reconnue coupable de discrimination à l'embauche et de fichage ethnique à l'encontre de certains de ses employés, entre 1997 et 2001.

Le géant mondial de l'intérim Adecco a été condamné ce mercredi à Paris à 50.000 euros d'amende pour discrimination à l'embauche et fichage à caractère racial, plus de 20 ans après les faits. Le tribunal correctionnel de Paris a rendu sa décision en se basant sur "un faisceau d'indices" permettant d'établir "l'existence d'un fichage ethnique et d'une discrimination" de la part de la société d'intérim Adecco à l'encontre de certains de ses employés. 

Le groupe franco-suisse Adecco, ainsi que deux de ses cadres, étaient poursuivis par d'anciens salariés et des associations antiracistes pour avoir mis en place un système de discrimination fondé sur la couleur de peau, à travers le fichier "PR 4", comportant les noms d'intérimaires très majoritairement noirs. Les prévenus, Olivier P. et Mathieu C., anciens directeurs de l'agence d'intérim Montparnasse, ont quant à eux été condamnés à 10.000 euros d'amende, dont 7.000 avec sursis. Le tribunal a reconnu leur implication dans ce "filtrage basé sur la couleur de peau" sans en avoir été à l'origine, tout en n'ayant "rien mis en place pour y mettre fin".

 

Une information judiciaire ouverte en 2001

Entre 1997 et 2001, l'agence que les deux prévenus dirigeaient dans le quartier Montparnasse à Paris aurait ainsi fiché quelque 500 intérimaires noirs, écartés de certaines missions. Une information judiciaire avait été ouverte en 2001 à Paris après une plainte de l'association SOS Racisme, qui avait été alertée par un ancien salarié chargé du recrutement dans cette même agence. Spécialisée dans la restauration, cette dernière travaillait notamment avec le ministère des Affaires étrangères, Eurodisney et la Société des wagons-lits.

Lors du procès, les prévenus avaient soutenu que le critère "PR 4" ne qualifiait pas la couleur de peau mais "un mix de l'expérience professionnelle et du savoir-être du candidat", notamment sa maîtrise du français. "Je n'ai jamais cautionné ni pratiqué la discrimination, il y a un paradoxe énorme, j'ai passé ma vie à lutter contre la discrimination", avait expliqué à la barre Olivier P., aujourd'hui à la retraite après 17 ans au sein d'Adecco. Des explications "fantaisistes", selon la procureure. "Il faut avoir envie d'y croire", avait-elle alors ironisé.

Le ministère public avait requis 50.000 euros d'amende à l'encontre de la société d'intérim, ainsi que trois mois de prison avec sursis à l'encontre des deux anciens directeurs d'agence.