Attentat d'Arras : l'assaillant, son frère et son cousin interrogés par un juge

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avec AFP , modifié à
L'assaillant de l'attentat d'Arras, Mohammed Mogouchkov, son jeune frère et son cousin ont récemment été interrogés par une juge d'instruction antiterroriste. Les trois avaient déjà largement livré leur première version des faits lors de leurs gardes à vue, permettant aux enquêteurs de retracer "un projet terroriste minutieusement conçu depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois".

Les investigations progressent sur l'attentat d'Arras, dans le Pas-de-Calais, commis le 13 octobre : l'assaillant, son jeune frère et son cousin ont récemment été interrogés par une juge d'instruction antiterroriste, a appris jeudi l'AFP de sources proches du dossier. Mercredi, le cousin a été interrogé. Les interrogatoires de l'assaillant, Mohammed Mogouchkov, et de son petit frère datent de novembre, d'après deux sources proches du dossier. Leurs avocats n'ont pas souhaité commenter.

Premier interrogatoire depuis la mise en examen

C'est la première fois que ces jeunes suspects étaient interrogés depuis leur mise en examen dans le cadre des investigations sur l'attaque mortelle au couteau qui a coûté la vie à un enseignant du collège-lycée Gambetta-Carnot d'Arras, Dominique Bernard. Les trois avaient déjà largement livré leur première version des faits lors de leurs gardes à vue, permettant aux enquêteurs de retracer "un projet terroriste minutieusement conçu depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois", d'après une synthèse datée du 17 octobre et dont l'AFP a eu connaissance jeudi.

Mohammed Mogouchkov, un jeune Russe originaire d'Ingouchie âgé de 20 ans, était fiché pour radicalisation islamiste depuis février 2021 après un signalement de l'Education nationale. En garde à vue, son petit frère de 16 ans, mis en examen notamment pour complicité d'assassinat, a expliqué que son aîné lui avait posé des questions, "quelques semaines avant l'attentat", sur le maniement des couteaux et l'égorgement, d'après la synthèse.

"J'ai peur que ce soit un peu de ma faute"

"J'ai peur que ce soit un peu de ma faute" car "ça lui aurait donné l'idée", leur a confié rétrospectivement son frère, qui pense que la date du 13 octobre a été choisie par son aîné en référence aux attentats du 13 novembre 2015. La mère, qui a fait appel du rejet de sa demande de constitution de partie civile, a expliqué avoir découvert quelques jours avant l'attentat un couteau dans la chambre de son jeune fils, et l'avoir caché.

Le frère a indiqué que Mohammed lui avait expliqué comment envoyer de l'argent à leur aîné, Movsar, emprisonné pour ne pas avoir dénoncé un projet d'attentat aux abords de l'Elysée. Et la veille des faits, Mohammed Mogouchkov lui avait annoncé que c'était "la dernière fois" qu'ils se voyaient, lui donnant "rendez-vous dans un monde meilleur", a raconté le cadet. L'assaillant avait aussi évoqué "un bel endroit" à Movsar Mogouchkov la veille, a expliqué l'aîné en garde à vue. Ce dernier n'est pas poursuivi à ce stade.

L'enregistrement où le suspect prête allégeance à l'Etat islamique a été envoyé "vers deux comptes Telegram administrés par l'EI", selon les enquêteurs. Le cousin âgé de 15 ans, amateur de couteaux, est soupçonné d'avoir été informé du projet sans l'en empêcher, ce qu'il conteste. Selon ce cousin, le jeune frère, qu'il a vu le matin des faits, avait compris que Mohammed "avait décidé de mourir".

En perquisition, les policiers ont notamment retrouvé dans la cave du domicile familial dans le Pas-de-Calais une réplique airsoft de fusil d'assaut et deux chargeurs, deux katanas (sabres japonais), un pistolet à gaz et un couteau de chasse.