Les compétitions de jeux vidéo ont désormais leur porte-parole en France

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La Paris Games Week a attiré environ 307.000 spectateurs l'an passé. © PATRICK KOVARIK / AFP
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avec AFP
L'association "France eSports", nouvellement créée, entend "développer, promouvoir et encadrer la pratique des sports électroniques".

Les acteurs du secteur français des compétitions de jeux vidéo ont annoncé mercredi la constitution de l'association "France eSports", pour mieux se faire entendre, alors que le Sénat s'apprête à donner une reconnaissance légale à cette activité.

"Le sport électronique gagne en maturité". Avec cette nouvelle organisation, qui rassemble des organisateurs de tournoi, des médias spécialisés et des équipes de joueurs professionnels, "le sport électronique gagne en maturité, et aujourd'hui, l'ensemble du secteur est capable de parler d'une même voix, de se concerter, d'être un interlocuteur productif dans les discussions avec l'Assemblée et le Sénat", a affirmé son président, Matthieu Dallon, lors d'une présentation de l'association à Bercy.

Un projet de loi pour en finir avec le flou juridique.Le projet de loi pour une République numérique, examiné depuis mardi au Sénat, prévoit en effet d'autoriser tout en les réglementant les tournois de jeux vidéo. Le développement de ces événements en France est aujourd'hui freiné par le flou juridique qui les entoure, car ils sont assimilés aux loteries et autres jeux de hasard, interdits sauf dérogation spécifique. "J'ai bon espoir que ce texte de loi permette une reconnaissance officielle du e-sport", a déclaré la secrétaire d'Etat au Numérique, Axelle Lemaire, tout en jugeant trop "rigide" la rédaction jusqu'ici proposée par la commission des lois du Sénat.

Cette dernière prévoit en effet que les organisateurs de compétitions de jeux vidéos doivent bénéficier d'une "autorisation temporaire délivrée, après enquête, par le ministère de l'Intérieur". "Les amendements proposés actuellement par la commission des lois du Sénat freineront (...) le développement de cette filière économique", s'inquiète aussi France eSports dans son premier communiqué. L'association appelle le législateur à revenir aux propositions présentées fin mars dans un rapport par le député UDI Rudy Salles et le sénateur PS Jérôme Durain, "fruit des échanges réalisés pendant plusieurs mois avec l'ensemble des acteurs de la filière". Le gouvernement a déposé un amendement qui va dans ce sens, en supprimant l'autorisation administrative. 

Quel statut pour les joueurs ? Il propose aussi de sécuriser le statut de joueur professionnel salarié, en créant un CDD dérogatoire d'un an minimum et de cinq ans maximum, inspiré de celui utilisé dans le sport de haut niveau. Actuellement, les joueurs ont des contrats avec un autre intitulé de poste ou ont un statut d'autoentrepreneur, "sur le fil de la légalité", puisqu'ils n'ont qu'un seul employeur, reconnaît Stéphan Euthine, responsable de LDLC Events, qui gère une des principales équipes de "e-sportifs" françaises. Une situation qui "ne permet pas le développement du secteur", selon lui.

50 Français "gagnent leur vie" grâce aux compétitions. Selon Matthieu Dallon, également patron d'Oxent, société organisatrice de tournois, 50 joueurs "gagnent leur vie" en France grâce aux compétitions de jeux vidéo (contre un millier en Corée du Sud, le pays le plus en pointe), et 500.000 personnes participent régulièrement à des tournois physiques ou en ligne. L'article sur ce sujet devrait être examiné "jeudi soir ou vendredi", a ajouté Axelle Lemaire.