La Défense mise désormais sur le renseignement géolocalisé

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Les renseignements compilés par GEOINT permettent aux opérationnels d'agir avec plus d’efficacité, assure Jean-Yves Le Drian.
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Aude Leroy et R.Da. avec AFP
Les opérations militaires françaises s'appuient désormais en partie sur un "Google Earth du renseignement", compilant sur une même carte plusieurs couches d'informations issues du Renseignement. Un outil que l'armée cherche encore à perfectionner. 

La très discrète Direction militaire du Renseignement (DRM) tient depuis mardi sa Convention sur le renseignement issu de l'image et du géospatial. Ce séminaire, qui rassemble le monde très fermé des Services français mais aussi étrangers, ainsi qu’une vingtaine d'industriels triés sur le volet, se concentre sur le renseignement géospatial, très à la mode en ce moment.

Réuni autour d'une maquette d'un futur drone de l'armée, sous un hangar de la base aérienne de Creil dans l’Oise, des membres de la DRM, de la DGSE, de la DGSI, mais aussi des industriels qui doivent répondre aux besoins des services, planchent sur l’avenir du "GEOINT", le renseignement géospatial, une sorte de "Google Earth du renseignement", indispensable aux politiques pour décider, et aux troupes, sur le terrain, pour agir.

Recouper, actualiser et agir. "Il y a des frappes récentes qui ont été initiées, à la suite de ce concept, avec efficacité. Par exemple, sur le théâtre irako-syrien et libyen, le regroupement, sur un même espace, des facteurs satellites, du renseignement humain et du renseignement électromagnétique se retrouvent pour identifier l’ennemi et permettre aux opérationnels d’agir avec plus d’efficacité et de sécurité", explique Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, à Europe 1. Le GEOINT consiste donc à superposer sur une carte géographique toutes ces informations, les recouper et les actualiser en permanence à chaque passage d’un satellite ou prise de vue d'un avion de chasse.

Innover. Avec les Etats-Unis, la France est l'un des très rares pays à posséder cet outil militaire. Grâce à lui, la DRM reçoit 150 images chaque jour, mais le flux devrait être multiplié de 6 à 10 fois d'ici 2020. "Trouver la bonne image au bon endroit, c'est une gageure, quel que soit le service de renseignement", a souligné le patron de la DRM, le général Christophe Gomart. "Les industriels doivent construire les outils nécessaires à nos besoins", a-t-il dit à l'occasion de cette convention. 

Deux avions et un drone. La DRM emploie actuellement 1.700 personnes et doit en recruter 400 de plus d'ici 2018, le président François Hollande ayant décidé de renforcer tous les services de renseignement après les attentats de Paris en 2015. De plus, l’organisme interarmées doit faire prochainement l’acquisition de deux appareils de reconnaissance destinées à améliorer les capacités de surveillance aérienne du Renseignement. Enfin, la France travaille également, aux côtés de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne, au développement d’un drone européen MALE (Moyenne Altitude, Longue Endurance), a indiqué le ministre.