Fin des frais d’itinérance : quelles pertes pour les opérateurs ?

Les frais d'itinérance vont disparaître dans l'UE (image d'illustration).
Les frais d'itinérance vont disparaître dans l'UE (image d'illustration). © JACK GUEZ / AFP
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Les communications émises depuis l’UE ne seront plus surfacturées par les opérateurs européens. Une perte de revenue importante, mais anticipée. 

C'est une petite révolution dans le monde des télécoms. A partir de jeudi, les opérateurs de l'Union européenne ne pourront plus surfacturer leurs clients lorsqu'ils utilisent leur forfait dans l'un des 28 pays de l'UE. Et s'il s'agit indéniablement d'une bonne nouvelle pour le consommateur qui pourra utiliser son smartphone à l'étranger plus librement, cela signe aussi la fin d'une manne financière non négligeable pour les opérateurs.

Des revenus en baisse depuis cinq ans

Depuis plus de cinq ans, les frais d'itinérance - l'usage de son forfait à l'étranger -  n'ont cessé de baisser en Europe sous l'impulsion de la Commission européenne. En 2012, lors de la mise en place du premier pallier pour les opérateurs, téléphoner pouvait coûter jusqu'à 29 centimes par minute, envoyer un SMS 9 centimes et surtout aller sur Internet, 70 centimes par Mo. Une véritable mine d'or pour les opérateurs qui, eux, payent ces consommations au prix de gros auprès de leurs homologues européens. Depuis fin avril 2016, ces tarifs ont été plafonnés à 5 centimes pour une minute d'appel, deux centimes pour un SMS envoyé et 5 centimes pour un Mo d'Internet.

Malgré cela, la commission européenne estime que l'arrêt du roaming va représenter une perte de 1,2 milliard d'euros pour les opérateurs de l'UE. En France, peu d'opérateurs communiquent des chiffres précis. Seul Orange esquisse le montant de la facture. L'opérateur historique devrait perdre 130 millions d'euros par an avec cette mesure. "C'est une somme, mais l'arrêt du roaming est prévu depuis longtemps et nous avons eu le temps de nous y préparer", explique un cadre haut placé de l'entreprise rappelant du même coup que cela représente à peine 1% de son excédent brut d'exploitation (Ebitda).

Une perte non compensée

Cette perte n'est pas compensée directement par les opérateurs. Très peu se sont en effet risqués à augmenter leur prix pour pallier à cette diminution de leurs revenus. D'autant que si la surfacturation des communications depuis l'Union européenne va cesser, elle restera toujours importante lorsque les clients voyagent hors de l'UE. Le roaming représente "5 % du chiffre d'affaires des opérateurs, en moyenne", indique Sylvain Chevallier, associé chez BearingPoint, aux Echos quand "le roaming intra-Europe qui va être perdu représente environ de 1 % à 2 % des revenus".

Et pour cause, le roaming depuis les autres zones du globe, et notamment l'Amérique, reste nettement plus juteux. Orange facture par exemple 13,31 euros le Mo d'Internet depuis les Etats-Unis, bien loin de 5 centimes que lui rapportait ce même Mo en Europe. Mais alors que les clients font de plus en plus attention à ces frais lors de la souscription d’un forfait, certains ont opté pour la stratégie inverse. C'est notamment le cas de Free qui propose à ses abonnés mobile d'utiliser leur mobile sans surcoût depuis plus de 35 pays dans le monde, dont les Etats-Unis et le Canada.