Tour de France : Romain Bardet peut-il réaliser l'exploit ?

Romain Bardet a été acclamé par les supporters français, dimanche.
Romain Bardet a été acclamé par les supporters français, dimanche. © Jeff PACHOUD / AFP
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Le Français, troisième au classement général, à 23 secondes de Chris Froome, possède les armes pour remporter la Grande Boucle. 

La "Bardetmania" s’est emparée du Tour de France. Dimanche, tout au long de la 15ème étape, en Auvergne, Romain Bardet a été acclamé par les spectateurs massés en nombre pour apercevoir l’enfant du pays, actuel troisième au classement général à seulement 23 secondes du Maillot jaune Chris Froome. À une semaine de l’arrivée, l’Auvergnat ambitionne plus que jamais une victoire finale sur les Champs-Élysées, alors que quatre coureurs se tiennent en moins de 30 secondes (Froome, Aru, Bardet et Uran). Alors, Romain Bardet peut-il succéder à Bernard Hinault, dernier Français vainqueur de la Grande Boucle en 1985 ?

  • Ses adversaires : Froome est prenable, mais…   

Les deux premières semaines l’ont confirmé : Romain Bardet est dans une très grande forme. "Depuis 2014, il a progressé d’un ou deux crans. L’an passé, il a fait deuxième du Tour, et cet hiver il a dû travailler comme jamais", souligne notre consultant Richard Virenque. Le leader d’AG2R a marqué les esprits avec une victoire probante lors de l’étape-reine des Pyrénées, jeudi dernier (12ème étape). Plus fort à la pédale que tous les favoris dans la terrible montée finale vers Peyragudes, Romain Bardet avait alors devancé Chris Froome, incapable de suivre le rythme ce jour-là, de 22 secondes. Le message envoyé était clair : le Britannique est prenable, et le Français compte bien en profiter.

Sauf que Chris Froome reste un immense champion. Vexé par la perte du Maillot jaune à Peyragudes, le triple vainqueur du Tour n’a mis que deux jours pour reprendre son bien, samedi, à Rodez (14ème étape). Dimanche, le coureur de la Sky a été attaqué par l’équipe de Romain Bardet, pris dans une cassure et victime d’une crevaison. Il a alors compté jusqu’à 50 secondes de retard, mais a finalement réussi à revenir. "Après son incident mécanique, on s’est aperçu que Chris Froome était vraiment très fort, il est revenu au bout d’un gros effort. Il a été vexé de ce qu’il s’est passé. Il a envie de frapper un grand coup, il est très costaud", estime Richard Virenque. Moralité : Romain Bardet, comme Fabio Aru (deuxième à 18 secondes) ou Rigoberto Uran (quatrième à 29 secondes) devront être très, très costauds pour le déloger.

La victoire de Bardet lors de la 12ème étape (Pau-Peyragudes) : 

  • Son équipe : la folie d’AG2R contre la "machine" Sky

Pour mener à bien la conquête du Maillot jaune, Romain Bardet peut s’appuyer sur son équipe, AG2R La Mondiale, résolument tournée vers l’offensive. "L’équipe AG2R est la seule qui attaque la Sky. Elle a pris des risques et a attaqué Chris Froome. Elle pèse sur la course. On n’attend plus les autres équipes pour pouvoir peser sur la course", analyse Richard Virenque. Fabio Aru se retrouve en effet esseulé chez Astana depuis les abandons de ses lieutenants Dario Cataldo et Jakob Fuglsang, et Rigoberto Uran pâtit des piètres performances de ses coéquipiers chez Cannondale.

Problème : Romain Bardet et AG2R doivent affronter la redoutable Sky. Michal Kwiatkowski, lauréat du dernier Milan-San Remo, Mikel Nieve, meilleur grimpeur du Giro 2016, Sergio Henao, excellent en montagne, ou encore Mikel Landa, brillant 6ème au général, forment une véritable "machine de guerre" au service de leur leader. "Froome a une telle armada autour de lui ! C'est toute la force de Sky d'avoir trois-quatre leaders potentiels autour de Froome, ça décourage pas mal de monde. Leur homogénéité est impressionnante, reste à voir si elle tiendra la troisième semaine", veut croire Romain Bardet, interrogé lundi en conférence de presse.

  • Le parcours : les Alpes pour faire la différence

Pour Romain Bardet, le calcul est simple : il doit prendre un maximum de temps à Chris Froome avant le contre-la-montre de Marseille, samedi (avant-dernière étape), un exercice dans lequel il lui est nettement inférieur. L’Auvergnat a donc ciblé la haute montagne, son terrain de jeu favori, et les deux étapes dans les Alpes, mercredi, entre La Mure et Serre Chevalier (17ème étape) et jeudi, entre Briançon et l’Izoard (18ème étape). Il lui faudra compter (au minimum) une à deux minutes d'avance sur le Britannique à l'issue des étapes alpestres pour espérer triompher sur les Champs-Élysées. 

Pas une mince affaire, mais pour Romain Bardet, tout devrait se jouer lors de l’arrivée au sommet du mythique col d’Izoard (hors catégorie), une ascension terrible après une étape déjà dantesque la veille. "Avec l'enchaînement de ces deux étapes alpestres et l'arrivée en altitude, on risque d'avoir des écarts. Pour moi, c'est l'étape-clé, concernant mes qualités", assure-t-il. Romain Bardet a deux jours pour tout dynamiter et concrétiser son rêve.