Que sont devenus les "Chimbonda" des Bleus ?

MICKAEL MADAR
Mickaël Madar ne laissera pas un souvenir impérissable de son passage en Bleu. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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Rémi Duchemin et Hugo Francés , modifié à
La sélection surprise d’un joueur avant une grande compétition est presque une tradition. Mais pas forcément un gage de réussite.

Depuis 1982, c’est quasiment une tradition. Avant chaque grande compét', le coach sort de son chapeau un joueur que personne, ou presque, n’avait vu venir. En 2006, l’expression "chimbonda", du nom du joueur sélectionné par Raymond Domenech, est passée dans le langage courant. Retour sur les fortunes diverses, dans l’ordre croissant (ou décroissant, c’est selon) des surprise de l’équipe de France.

Ils ont disparu des radars :

Chimbonda, la marque déposéeCoupe du Monde 2006.

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A tout seigneur, tout honneur. Pascal Chimbonda, largement inconnu, si ce n’est des fans de ballon rond, est pourtant l’une des stars de la Coupe du monde 2006. Mais ce n’est pas franchement pour ses performances sur la pelouse. En tout et pour tout, le défenseur compte une sélection, en fait cinq petites minutes de jeu lors d’un match amical face au Danemark en mai 2006, avant le Mondial, qu'il regarde depuis le banc de touche. Non, si le Guadeloupéen devient si célèbre, c’est grâce aux Guignols de l’info, qui s’amusent de la présence surprise du joueur en parodiant le "Chihuahua" de DJ Bobo en "Chimbonda". Dans la foulée de l'Euro, il écume pendant huit ans les clubs anglais (7 transferts !), de Tottenham en Premier League à l'obscur Carlisle United (en 3ème division). De retour en France en 2014, il quitte le club d'Arles Avignon après seulement 6 rencontres.

Un exemple, Les Guignols :

Quand Raymond Domenech prononce son nom en 2006, la stupeur a été telle que Pascal Chimbonda a donné son nom, à son corps défendant, aux surprises des listes passées et futures. Une manière comme une autre de passer à la postérité.

 

Fabrice Divert, l’homme à ne rien faire. Euro 1992.

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Divert, c’est le mec en trop dans un album Panini. Une première sélection en 1990, avant d’être convoqué pour l’Euro… deux ans plus tard. Un Euro en tribunes à défaut d’être sur le terrain. Sa carrière internationale bien que courte sera un révélatrice, Divert a deux pieds gauches. L’Euro passé, le Normand ne retrouve pas le "niveau" qui lui permit quelques mois plus tôt d’être appelé en équipe nationale. Il ne marque plus, enchaîne les blessures et arrête sa carrière à 28 ans, quatre ans après son invitation surprise. Depuis, une carrière de dirigeant bénévole au sein d’un club de Basse-Normandie, chez lui. La mort dans l’âme diront certains. Non, puisque la carrière de Divert c’était ça : un peu de grandeur, beaucoup de décadence. 

 

Mickaël Madar, le puriste des frappes du tibia. Euro 1996.

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Hyper peu prolifique toute sa carrière, Madar prêche pourtant la bonne parole d’attaquant. "J’aime trop le jeu, c’est pour ça que je ne marque pas beaucoup de buts". Un bref passage en équipe de France où il restera plus célèbre pour sa gourmette perdue contre l’Arménie que pour son but. L’homme à la chevelure digne de Francis Lalanne part après l’Euro 96 tenter sa chance à l’étranger, où il marque 12 buts… en trois saisons. Un bon score pour celui qui marquait peu de la tête, beaucoup du tibia, de l’épaule et même du menton. Et puis vient l’an 2000, Madar reste encore aujourd’hui le seul homme sur cette planète à avoir été touché par le bug. Il ne marque plus, cire le banc du Parc des Princes, part au Créteil-Lusitanos, ne joue guère plus, et surtout guère mieux. Il raccroche les crampons en 2002, et aujourd’hui il déclare : "Honnêtement, je m'emmerde quand je regarde un match". Pense à nous pendant ta carrière Mickaël.

 

Ils ont tenté de redécoller : 

Philippe Christanval, l’ex-nouveau Laurent Blanc. Coupe du Monde 2002.

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En 2002, l’équipe de France, championne du monde et d’Europe en titre, s’avance conquérante au Mondial. Roger Lemerre emmène dans ses bagages deux petits nouveaux, Philippe Christanval (4 sélections) et Djibirll Cissé (1 sélection). Les deux hommes suivent le fiasco bleu (élimination dès la phase de poules, une première pour un tenant du titre) depuis le banc de touche, totalement pour le premier, en partie pour le second, qui dispute tout de même trois bouts de match. 

Après ce Mondial manqué, Philippe Christanval, censé devenir le nouveau Laurent Blanc, ne rejoue que deux fois pour les Bleus. Emaillée de blessures, sa carrière ne redécollera jamais vraiment, ni à Marseille, ni à Fulham. En 2008, il se reconvertit dans l’immobilier.

 

Bernard Diomède, au bon endroit au bon moment. Coupe du Monde 1998.

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Oui, Oui, Bernard Diomède est champion du monde. Comme Lionel Charbonnier et Stéphane Guivarc’h. L’ailier réunionnais a eu la chance d’être au meilleur de sa forme en 1998. Il forme alors avec le même Guivarc’h une paire redoutable sur le front de l’attaque de l’AJ Auxerre, lui comme passeur, son comparse comme finisseur. Mais en bleu, la doublette ne connaît pas la même fortune. Les deux hommes, titulaires au début de la compétition, disparaissent peu à peu des radars. 

Au final, Bernard Diomède portera à huit reprises la tunique bleus, à chaque fois en 1998. Sa dernière sélection remonte au huitième de finale de Coupe du monde face au Paraguay (1-0 a.p.). Ensuite, plus rien.

 

Morgan Schneiderlin, l’imprononçable. Coupe du Monde 2014.

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En convoquant Morgan Schneiderlin dans le groupe des 30 pour préparer la Coupe du monde 2014, Didier Deschamps s’est mis tout seul dans la mouise. Jamais, ou presque,  le sélectionneur de l’équipe de France n’aura réussi à prononcer une seule fois correctement le nom du milieu de terrain alors en pleine bourre à Southampton. Et quand il y parvient, il s’en félicite.

 

 

Le sélectionneur des Bleus n’aura pas le même souci pour l’Euro 2016. Car si pendant longtemps, le milieu de terrain, qui évolue aujourd’hui à Manchester, a été incontournable, sa fin de saison manquée avec les Red Devils devrait le priver de la compétition. Pour l’heure, l’ancien Strasbourgeois compte 15 sélections, entre juin 2014 et novembre 2015.

 

Marc Planus, au mauvais endroit au mauvais moment. Coupe du Monde 2010.

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On est prêt à parier que Marc Planus se serait bien passé d’être de l’aventure en 2010. D’abord, parce que celui qui a passé toute sa carrière à Bordeaux n’était pas franchement un titulaire indiscutable. Il ne compte d’ailleurs qu’une sélection, une mi-temps disputée lors d’un match préparatoire face à la Tunisie. Ensuite, et surtout, parce qu’il a vécu de l’intérieur la calamiteuse expérience de Knysna. L’ambiance pourrie au sein du groupe France, la grève de l’entraînement et "le bus de la honte", sans compter une élimination proche du ridicule dès la phase de groupe… Il y a mieux comme seule et unique expérience internationale. Heureusement pour lui, l’évocation de son nom évoque plus les Girondins que l’Afrique du Sud. Sur ce coup, il peut remercier son (relatif) anonymat.

 

Djibrill Cissé, le maudit des Bleus. Coupe du Monde 2002.

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Quand il est sélectionné pour la Coupe du monde 2002, Djibril Cissé représente le futur de l’attaque de l’équipe de France. Mais entre blessures et coups de mou, il restera comme l’éternel chat noir des Bleus. Jugez plutôt : après le fiasco de 2002, il est suspendu six matches pour une expulsion en sélection Espoirs, à qui il avait accepté de donner un coup de main. Pas d’Euro 2004 donc. En 2006, il est un attaquant incontournable, mais la veille du départ pour l’Allemagne, il se fracture le tibia-péroné contre la Chine. Les Bleus iront en finale sans lui.

En 2008, il fait partie des 30 présélectionnés pour l’Euro, mais son concurrent Bafétimbi Gomis explose lors des matches amicaux, et il reste sur le quai. Il croit enfin tenir sa revanche quand il est sélectionné pour la Coupe du monde 2010. Ion connaît la suite : piteuse élimination, grève de Knysna, scandale national… Il ne regoûtera ensuite qu’une seule fois aux joies de la sélection. Un grand gâchis pour un grand attaquant.

 

Bafétimbi Gomis, l’intermittent du spectacle. Euro 2008.

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Qui ne se rappelle pas de ses deux premiers buts avec les Bleus ? Entré à la mi-temps du match amical face à l’Equateur, il envoie deux reprises de volée qui resteront dans les annales du foot français.

Des débuts prometteurs qui donneront finalement lieu à un Euro 2008 sans saveur, et une intermittence répétée pour Bafé chez les Bleus. L’intermittence, c’est bien ce qui caractérise la carrière de la panthère Gomis. Des Verts à Swansea, en passant par la Ligue des Champions avec l’OL, Gomis restera surtout un grand joueur de petits matchs. Pas aidé, qu’on se le dise, par une formation en Ligue 1 où le sens du combat ordinaire l’emporte sur tout le reste. Gomis s’attendait sûrement à jouer les premiers rôles en débarquant, il y a maintenant deux ans, au Pays de Galles. C’était oublié son étiquette d’intermittent collée sur le front.  

 

Ils ont triomphé : 

Manuel Amoros, l’exemple à suivre. Coupe du Monde 1982.

Amoros

Le troisième en partant de la droite.

 

Il est le premier joueur surprise, et incontestablement l’exemple à suivre. Quand il est sélectionné pour la Coupe du monde 1982, Manuel Amoros n’affiche que 20 ans et quatre sélections. Il s’impose pendant le tournoi, où la France échoue en demi-finale face à l’Allemagne (Schumacher, Battiston, les deux buts d’avance en prolongation, tout ça…), au point d’être nommé meilleur jeune du Mondial. Par la suite, il ne quitte plus la sélection pendant 10 ans. Il est même recordman des sélections (82) de 1992 à 1999, avant l’avènement de la génération 1998. Une belle carrière donc, même si les esprits les plus chagrins se rappelleront que c’est Manuel Amoros qui a manqué le tir au but fatal lors de la finale de la Coupe des clubs Champions opposant l’OM à l’Etoile rouge de Belgrade en 1991. Provoquant les larmes, devenues légendaires, de Basile Boli. 

Manu Amoros rate son tir au but (à partir de 7’30) :

 

Jean-Pierre Papin, la star des années blanches. Coupe du Monde 1986.

papin

En 1986, Jean-Pierre Papin n’est pas encore "JPP" et il n’a pas encore régalé le monde du football de ses "papinades". Il n’est qu’un obscur, mais efficace, attaquant du FC  Bruges, en Belgique. Suffisant pour qu’Henri Michel l’emmène en Belgique pour la Coupe du monde 1986, alors qu’il ne compte qu’une sélection au compteur. Il démarre pied au plancher en marquant lors du premier match des Bleus face au Canada (1-0), mais perd pied au fil des matches. Il ne sera finalement pas du quart de final homérique face au Brésil (1-1, 5-4 t.a.b), ni de la demi-finale perdue face à l’Allemagne (2-0). En revanche, il marque l’un des quatre buts de la petite finale face à la Belgique (4-2). Par la suite, "JPP" est l’attaquant vedette des Bleus, mais l’équipe de France enchaîne les mauvaises performances : non-participation à l’Euro 1988, aux Coupes du monde 1990 et 1994 et élimination dès le premier tour à l’Euro 1992. Jean-Pierre Papin quitte la scène internationale en 1995, juste avant le renouveau. Le pire des timings donc, pour le Ballon d’or 1991.

Pour le plaisir, quelques "papinades" :