Ligue 1 : un effet Coupe du monde à prévoir ?

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Kylian Mbappé a conquis la France au Mondial et devrait réjouir les fans de Ligue 1 cette saison. © FRANCK FIFE / AFP
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La Ligue de football professionnel mise sur le titre de champions du monde pour dynamiser le championnat et attirer toujours plus de spectateurs dans les stades.

La saison d’après. Voilà comment on pourrait qualifier l’exercice 2018-19 de la Ligue 1, qui s’est ouvert vendredi soir avec Marseille-Toulouse (4-0), un petit mois après le sacre des Bleus champions du monde. Suivie par des millions de Français, y compris ceux qui n’aiment pas particulièrement le football, l’épopée de l’équipe de France peut-elle rejaillir sur la popularité de notre championnat ? C’est en tout cas ce qu’espèrent ses dirigeants. Et les premiers signes sont encourageants.

Profiter de l’image des Bleus. Pour lier la victoire des Bleus au début de la Ligue 1, la Ligue de football professionnel (LFP) a décidé d’organiser des célébrations lors de la première journée. Les huit champions du monde français évoluant en Ligue 1 sont mis à l’honneur avant chaque match de leur club et présentent le trophée au public. C’était le cas de Steve Mandanda, Adil Rami et Florian Thauvin à Marseille vendredi. Suivront Nabil Fekir à Lyon, dimanche à 15h, puis les Parisiens Alphonse Areola, Presnel Kimpembe et Kylian Mbappé, à 21h, au Parc des Princes. Monaco jouant à l’extérieur, Djibril Sidibé sera honoré à Louis II le 2 septembre, face à Marseille.

Ces célébrations devraient permettre aux clubs concernés d’attirer, dès le premier week-end, des spectateurs désireux de revivre un peu la folle émotion de la Coupe du monde. Avec l’objectif assumé de les faire rester jusqu’à la fin de la saison. Pour séduire de nouveaux spectateurs, Didier Quillot, le directeur général de la LFP, entend s’appuyer sur "l'image formidable donnée par l'équipe de France à l'occasion de la Coupe du monde", qui va, selon lui, "rejaillir sur l'ensemble du football français".

Abonnements en hausse. Invité d’Europe 1 vendredi matin, Didier Quillot croit dur comme fer à une augmentation significative de la fréquentation des stades en Ligue 1. "En 1998, on avait vu les affluences augmenter dans les stades (+29% pour l’affluence moyenne en 1998-99 par rapport à 1997-98, ndlr). Je crois que les affluences, qui ont déjà augmenté l'année dernière (+6% sur un an, à 22.544 spectateurs, ndlr), vont continuer d'augmenter", prédit-il. "Il y a un nouveau public, une nouvelle clientèle qui est venue découvrir la Coupe du monde : beaucoup de femmes, beaucoup de familles. J'espère qu'elles vont continuer à venir dans les stades pour, maintenant, supporter leur club de cœur."

Il se pourrait bien que l’espoir du dirigeant de la Ligue se réalise. Les clubs ont lancé leur campagne d’abonnement au début de l’été et les premières remontées sont globalement positives. Marseille a déjà largement dépassé son nombre d’abonnés de la saison dernière : 38.000 à la fin de la campagne d’abonnement, soit 1.000 de plus que l’objectif fixé et 5.000 de plus que le total atteint en 2017. L’OM ravit ainsi la première place du classement au PSG (34.000). De son côté, Strasbourg a franchi le seuil des 19.000 abonnés, un record historique, contre 15.600 la saison dernière, année de remontée en Ligue 1. Nîmes, l’un des deux promus, affiche, lui, plus de 10.000 abonnés avant même la fin de sa campagne. C’est bien plus que les autres promus de la saison 2017-18 (8.000 pour Troyes, 5.250 pour Dijon).

Encore du chemin à parcourir. Mais il ne faut pas généraliser la bonne santé des abonnements à l'ensemble de la Ligue 1. A Saint-Étienne, les dirigeants font grise mine. La campagne s'est terminé le 31 juillet, avec tout juste 13.000 abonnés, loin des 14.297 enregistrés l'année dernière. Tendance à la baisse également du côté de Lille : au sortir d'une mauvaise saison, "seuls" 20.000 supporters des Dogues ont pris un abonnement, contre 23.000 l'année passée. Preuve que les performances du club sont essentielles dans la décision de s'abonner ou non pour la saison suivante.

Par ailleurs, les abonnés ne font pas tout. Ce sont souvent des fans du club qui n’ont pas attendu la Coupe du monde pour suivre la Ligue 1. Et les abonnements ne suffisent pas à remplir les stades : c’est là que l’effet Coupe du monde peut éventuellement jouer. Les jeunes notamment, ceux dont les Bleus sont les premières idoles du ballon rond, sont très attendus, à la fois dans les stades, mais aussi devant leur télévision. "Il est possible notamment qu'on attire un public plus jeune. Les mordus de foot commencent toujours à s'y intéresser à l'occasion d'une Coupe du monde", soutient Hervé Mathoux, présentateur de Canal+, dans les colonnes de L'Équipe.

Séduire les marchés étrangers. Le titre des Bleus pourrait également générer des revenus supplémentaires à l’étranger pour la L1. "Nous sommes la ligue du pays champion du monde, je pense qu'il y a un regard nouveau, un intérêt nouveau", estime Didier Quillot. "Ça n'est plus de la curiosité, c'est un vrai intérêt des investisseurs étrangers […] et des diffuseurs." A ce titre, l’organisation du Trophée des champions en Chine, début août, a permis d’accélérer le développement de la Ligue 1 sur ce marché gigantesque. La principale chaîne de télévision chinoise, CCTV, va diffuser cette saison deux matches par journée du championnat français. Les fans chinois ont regardé d’un œil attentif les performances des Bleus en Coupe du monde, avec une préférence pour Kylian Mbappé, et ne manqueront pas de suivre en Ligue 1 ceux qui y jouent.